Naissance de Gaspard Gourgaud
né à Versailles le 14 novembre 1783, fils d’un musicien de la chapelle de Louis XVI et neveu du célèbre Dugazon ; élève de l’École polytechnique en 1799, puis élève sous-lieutenant à l’école d’artillerie de Châlons. Il entra en 1802, comme lieutenant en second au 7e d’artillerie à pied, et passa en 1803 lieutenant au 6e régiment d’artillerie à cheval, et devint, en août 1804, aide-de-camp du général Foucher. Dans la campagne de 1805, il se trouva à Ulm, à la prise de Vienne et au passage du Danube. Dans cette dernière affaire, il se signala par un remarquable trait d’audace : profitant du trouble que le passage du pont du Thabor avait jeté dans l’armée autrichienne, il s’élança vers le parc d’artillerie ennemie et s’en empara. Il combattit ensuite à Austerlitz, où il fut blessé ; à Iéna, à Prentzlau, à Pultusk, où il reçut la croix d’honneur ; à Ostrolenka, où il fut promu capitaine, et à Friedland. II passa ensuite enEspagne, se distingua au siège de Saragosse, rejoignit la grande armée et prit part aux journées d’Abensburg, d’Eckmuehl, de Ratisbonne, d’Essling et de Wagram. C’est en 1811 que le capitaine Gourgaud fut attaché à la personne de l’Empereur comme officier d’ordonnance : il dut cette faveur à l’intelligence avec laquelle il venait d’accomplir la reconnaissance de la place de Dantzig. A dater de cette époque, il ne quitta plus l’Empereur. Dans la campagne de Russie, son zèle et son activité, pour assurer le service de son arme, furent des plus remarquables : blessé à Smolensk, il combattit à Valentina et à la Moskowa. A Moscou il eut le bonheur, qui du reste se présenta plusieurs fois dans sa carrière, de préserver les jours de Napoléon : à la suite d’une exploration minutieuse du Kremlin, il découvrit une masse énorme de poudre (400 milliers), que l’incendie était sur le point d’atteindre, et réussit à empêcher cette épouvantable explosion. En récompense de ce service, il fut créé baron. Lors de la fatale retraite, son dévouement ne faiblit pas un instant : deux fois il passa la Bérésina à la nage, avant la construction des ponts, pour aller reconnaître la position de l’ennemi. Rentré en France, il vint rendre compte de la situation de nos débris à l’Empereur, qui le nomma immédiatement chef d’escadron et premier officier d’ordonnance. Plusieurs missions importantes lui furent confiées dans la campagne de 1813 et accomplies à la haute satisfaction de l’Empereur. Sa conduite à la bataille de Dresde lui valut la croix d’officier de la Légiond’Honneur ; il se signala encore à Hanau, à Leipzig, et exécuta avec une grande vigueur les ordres donnés par l’Empereur pour assurer la retraite de l’armée.
Le baron Gourgaud suivit Napoléon dans la campagne de 1814 ; à Brienne, il lui sauva la vie : un parti de Cosaques venait de surprendre l’Empereur ; déjà l’un d’eux avait sa lance dirigée contre lui, lorsque Gourgaud l’abattit d’un coup de pistolet. Il fut blessé à Montmirail, se trouva à Champaubert, à Nangis, à Montereau, et culbuta les Russes de la position d’Étoutevelles. Ce fait d’armes le fit nommer commandeur de la Légion-d’Honneur. Il s’empara du faubourg de Reims, à la tête d’une batterie et de deux bataillons d’infanterie, et entra le premier dans la ville. Il ne se sépara de l’Empereur qu’au moment où ce dernier quitta Fontainebleau, le 20 avril. Dès lors il fit sa soumission au gouvernement et fut, comme tous les officiers du royaume, désigné pour faire partie des Gardes du corps. Mais l’Empereur lui avait laissé en partant l’épée qu’il portait aux Pyramides : ce fut assez pour le faire éconduire. Lors du retour de l’île d’Elbe, le baron Gourgaud s’empressa de se rendre auprès de l’Empereur ; il le suivit dans sa dernière campagne ; donna à Fleurus de nouvelles preuves de bravoure qui le firent nommer général et aide - de-camp. Au dernier moment de la bataille de Waterloo, il faisait partie du groupe de généraux qui entouraient Napoléon. « Gourgaud, s’écria l’Empereur en montrant quelques pièces abandonnées, faites tirer. » Ce furent les derniers coups de canon de la bataille. Revenu à Paris avec l’Empereur, il l’accompagna à Rochefort et fut choisi pour porter au Régent la lettre par laquelle Napoléon réclamait l’hospitalité de l’Angleterre. N’ayant pu débarquer, il rejoignit l’Empereur, qui le désigna pour le suivre à Sainte-Hélène ; choix glorieux, accepté sans hésitation, avec un pieux sentiment, de dévouement et de reconnaissance. Il partagea cet exil pendant trois années ; mais des difficultés survenues entre lui et le comte de Montholon, amenèrent son retour en Europe. Rayé des rôles de l’armée, et banni après la seconde Restauration, la France lui était fermée, il se rendit en Angleterre, alla exposer aux souverains réunis à Aix-la-Chapelle toutes les odieuses rigueurs déployées contre le captif de Sainte-Hélène, et ne rentra en France qu’en 1821. Laissé en non activité, il s’occupa de la publication de divers ouvrages ; il fit paraître en 1823, avec M. de Montholon, les Mémoires de Napoléon à Sainte-Hélène, 18 volumes ; en 1825, un Examen critique de l’histoire de la grande armée, du comte de Ségur ; et en 1827, une Réfutation des calomnies de la vie de Napoléon, par Walter Scott. Déjà, en 1820, il avait publié une Relation de la campagne de 1815. Après la Révolution de 1830, le général Gourgaud remis en activité, devint successivement commandant de l’artillerie de Paris et de Vincennes, aide-de-camp du Roi en 1832 ; lieutenant-général en 1835 ; commandant en chef de l’artillerie de l’armée du Nord en 1839 ; président du comité d’artillerie et inspecteur général de cette arme. Le gouvernement le chargea en 1841 de l’armement des forts et fortifications de Paris. Cette même année, il fut élevé à la pairie. Le général Gourgaud avait été désigné par le Roi, en 1840, pour aller assister à Sainte-Hélène, à l’exhumation des restes de l’Empereur ; pieuse mission qu’il accomplit avec un zèle religieux.
Biographie des célébrités militaires des armées de terre et de mer de 1789 à 1850, C. Mullié