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12 février 2014 3 12 /02 /février /2014 00:00

Bataille de Château-Thierry

Bataille de Château-Thierry: 12 février 1814, Honneur au brave Colonel Curély qui sur le plateau de Nesles entre les fermes du Grand et du Petit Heurtebise par une charge héroïque du 10ème régiment de Hussards brisa la contre-attaque de la cavalerie coalisée permettant le dégagement du plateau et la victoire de Château-Thierry.

 

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10 février 2014 1 10 /02 /février /2014 00:00

 Bataille de Champaubert

Les armées de Silésie et de Bohême ayant battu Napoléon à La Rothière, le 1er février 1814, elles décident de marcher séparément vers Paris.

 

L'armée de Silésie, commandée par le prussien Blücher, remonte alors vers le nord et avance résolument vers la capitale, en empruntant la route de la Marne, alors que l'armée de Bohême, dirigée par l'Autrichien Schwarzenberg, poursuit lentement mais sûrement sa progression vers l'ouest, en suivant la route de l'Aube et de la Seine.

 

Après avoir eu connaissance de la séparation des deux armées alliées, Napoléon décide de livrer bataille aux forces de Blücher: c'est la bataille de CHAMPAUBERT,prélude à MONTMIRAIL, CHATEAU-THIERRY et VAUCHAMPS.

 

L'Empereur quitta Nogent dans la soirée du 9 février et partit avec 30.000 hommes sur Sézanne pour tenter une manoeuvre contre les différents corps de l'armée de Blücher.

 

Alors que celui-ci laissait seul Olsufiev à Champaubert, Marmont fit attaquer à 10 heures Baye par les divisions Lagrange, Ricard et la cavalerie lourde de Doumerc

 

A 13 heures, les Français étaient maîtres de la situation.

 

A 14 heures, la cavalerie de la garde se déploya sur le plateau entre Baye et Champaubert, l'ennemi battant en retraite.

 

Napoléon ordonna alors au Général Girardin de couper la route de Chalons aux Russes; Olsufiev fut contraint de se retirer sur la route de Montmirail, la gauche de son armée battue par les cuirassiers de Bordessoulle et repoussée vers les bois et les étangs u Désert.

 

On compta environ 200 tués et blessés du coté Français, environ 1850 prisonniers du coté Russe dont Olsufiev et 47 autres officiers.

"Les troupes furent admirables dans cette affaire. Les Marie-Louise du 113ème se firent surtout remarquer. Parcourant leurs rangs avant le combat, et s'adressant à l'un d'eux, le Maréchal de Raguse lui ayant demandé: qui commande ici ? Y-a-t-il des officiers ? Non, mais nous sommes bons. Plus loin, un autre dit: Oh ! je tirerais bien un coup de fusil; seulement je voudrais bien avoir quelqu'un pour le charger" (Favier, mémoires).

 

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9 février 2014 7 09 /02 /février /2014 00:00

Au lendemain d'Eylau

EYLAU

 

Le 9 février 1807


·         Le 3e corps resta toute la journée sur le champ de bataille, où il fut passé en revue par l’Empereur. (« Opérations du 3e corps – 1806-1807 » rapport du maréchal Davout, duc d’Auerstaedt. Paris – Calmann Lévy – 1896 – p.162) 

·         A 2 h du matin, l’Empereur écrit à Talleyrand : « …il est deux heures du matin ; je suis fatigué ; je ne puis vous écrire qu’un mot. Le maréchal Duroc vous fera part de la victoire remportée hier sur l’armée russe. Quant à la communication qu’à faite le roi de Prusse, je pense qu’on pourrait lui répondre en ce sens ; que j’accepte les ouvertures faites pour mettre un terme à la guerre, que, loin d’élever aucune espèce de difficulté sur le lieu, le point le plus naturel me paraît être le point intermédiaire ; que je propose Memel même ; que j’y enverrai des plénipotentiaires aussitôt qu’on me fera connaître que la Prusse et la Russie en ont nommé… » (Corresp 11786). 

·         A 3 h du matin, il écrit à l’impératrice : « …Mon amie, il y a eu hier une grande bataille ; la victoire m’est restée, mais j’ai perdu bien du monde ; la perte de l’ennemi, qui est plus considérable encore, ne me console pas. Enfin, je t’écris ces deux lignes moi-même, quoique je sois bien fatigué, pour te dire que je suis bien portant et que je t’aime. Tout à toi… » (Jean Savant – « Napoléon et Joséphine » Fayard – 1960 – p. 200) - (Corresp 11787). 

·         Saint-Chamans, un des aides de camp de Soult, venu confirmer la retraite des Russes à 9 h du matin, trouve l’Empereur couché au milieu de ses aides de camp ; il écrit : « …Je trouvai l’Empereur dans une espèce de petite ferme, à une demi-lieue en arrière de Eylau…On n’était pas encore rentré dans sa chambre où il avait passé la nuit et l’on me dit que S.M. dormait…Je priai un valet de chambre…d’annoncer…que c’était pour une affaire pressante. Je fus aussitôt introduit. Napoléon, tout habillé et botté, était couché sur un matelas au coin d’un poêle ; je lui trouvai l’air fatigué, inquiet et abattu : - qu’y a-t-il de nouveau ? me demanda-t-il vivement à mon entrée dans la chambre. Je lui répondis en peu de mots que le maréchal Soult m’envoyait lui rendre des comptes de la retraite de l’ennemi et lui demander ses ordres. Il me fut facile de juger, alors, par l’épanouissement de sa physionomie du plaisir que lui faisait cette nouvelle…Le visage de l’Empereur devint radieux… » (« Mémoires » p.57 - Paris 1896). « …Sa culotte et son gilet blanc sont maculés de boue et ses gants de fine peau de daim sont noircis par la bride des chevaux qu’il aura successivement montés pendant la journée du 8 février…Il avait dîné de pommes de terre qu’il avait jetées dans les braises d’un feu de la Vieille Garde. Il avait passé la nuit tout habillé et botté, couché sur un matelas au coin du feu dans une petite ferme, à une demi-lieue en arrière d’Eylau… » (« Mémoires » 

·         Toujours habillé, il reçoit Percy le chirurgien et Lombard, l’ordonnateur en chef. Il interroge Percy sur les blessés.  

·         Il écrit à Cambacérès : « …le temps devient rigoureux. J’ai eu hier une bataille où la victoire m’est restée, mais j’ai perdu du monde. Du reste, vous verrez tous ces détails par le bulletin qui est exact… » (Corresp 11788). 

·         Il écrit à Duroc : « …Il y a eu hier à Preussich-Eylau une bataille fort sanglante. Le champ de bataille nous est resté, mais, si on a de part et d’autre perdu beaucoup de monde, mon éloignement me rend ma perte plus sensible. Corbineau a été enlevé par un boulet ; le maréchal Augereau a été légèrement blessé ; d’Hautpoul, Heudelet, quatre ou cinq autres généraux ont été blessés. Il deviendra bientôt nécessaire que le quartier général se réunisse à Thorn. Il faut que l’intendant général fasse arrêter sur Küstrin et Posen les convois d’argent qui n’auraient point passé ; car il est possible que, pour avoir des quartiers d’hiver tranquilles à l’abri des Cosaques et de cette nuée de troupes légères, je me porte à la rive gauche de la Vistule… » (Corresp 11789). 

·         Napoléon visite, vers midi, le champ de bataille. Il est consterné, silencieux. Arrivé près du 43e de ligne dont le colonel Lemarois avait été tué, il vit que les hommes avaient mis des crêpes noirs à leurs aigles : « …Je ne veux pas voir jamais mes drapeaux en deuil ; nous avons perdu bon nombre de nos amis et de nos braves compagnons, mais ils sont mort au champ d’honneur, leur sort est à envié. Occupons nous de les venger et non de les pleurer, car les larmes ne conviennent qu’aux femmes… » Puis, il regagne Eylau. Il devait y séjourner une semaine et sortir à peine de son cabinet. 

·         A 17 h, il écrit à Talleyrand : « …Je crois que l’on n’a pas encore fait de bulletin ; mais voici la note que vous pourrez mettre dans les journaux de Varsovie à envoyer à Constantinople et à Vienne. Dites à Lemarois que son frère a été tué, qu’il s’est conduit bravement. Corbineau a été enlevé d’un boulet. D’Hautpoul est blessé dangereusement. Ma Garde à cheval s’est couverte de gloire ; elle a eu 150 blessés et 40 tués ; le général Dahlmann, qui commande les chasseurs a été blessé. L’affaire a été fort chaude, et fort animée et assez chanceuse… » (Corresp 11790) 

·         Il écrit à Cambacérès à 17 h : « …la bataille d’Eylau aura probablement des résultats heureux pour la décision de ces affaires-ci. L’ennemi s’est retiré en pleine déroute, pendant la nuit, à une marche d’ici. Différents détachements de cavalerie sont à ses trousses. Les résultats en seront 40 pièces de canon et 12 000 prisonniers. On évalue la perte de l’ennemi à 10 000 blessés et à 4 000 morts ; ce n’est pas exagérer. Malheureusement notre perte est assez forte, surtout en gens de marque. Je l’évalue à 1 500 tués et à 4 000 blessés… » (Corresp 11791). 

·         A 18 h, il écrit de nouveau à l’impératrice : « …Je t’écris un mot, mon amie, afin que tu ne sois pas inquiété. L’ennemi a perdu la bataille, 40 pièces de canon, 10 drapeaux, 12 000 prisonniers. Il a horriblement souffert. J’ai perdu du monde, 1 600 tués, 3 à 4 000 blessés. Ton cousin Tascher se porte bien ; je l’ai appelé près de moi avec le titre d’officier d’ordonnance. Corbineau a été tué d’un obus. Je m’étais singulièrement attaché à cet officier, qui avait beaucoup de mérite ; cela me fait de la peine. Ma Garde à cheval s’est couverte de gloire. Dahlmann est blessé dangereusement. Adieu mon amie. Tout à toi…. » (Jean Savant – « Napoléon et Joséphine » Fayard – 1960 – p. 201) - (Corresp 11793). 

·         Il écrit à Duroc : « …Si les événements qui viennent de se passer ne portent pas le général Essen à s’éloigner, il est convenable que vous écriviez au prince Jérôme de mettre en marche une division bavaroise de 8 à 10 000 hommes sur Varsovie ; il recevra en attendant mes ordres. Pressez l’arrivée du contingent saxon à Posen… » (Corresp 11794). 

·         Il écrit à d’Hautpoul : « …M. le général d’Hautpoul, j’ai été extrêmement touché de la lettre que vous m’avez écrite. Votre blessure n’est pas de nature à priver votre fils de vos soins. Vous vivrez encore pour charger à la tête de votre intrépide division et vous couvrir d’une nouvelle gloire. Vous et vos enfants vous pouvez compter sur l’intérêt que je vous porte… » (Corresp 11795). 

·         Il réunit un conseil de guerre pour prendre l’avis de ses généraux. Murat et Ney veulent poursuivre Bennigsen et marcher sur Koenigsberg ; Soult fut d’avis de se retirer derrière la Passarge, d’en fortifier les retranchements, d’attendre que les soldats se remettent de leur fatigue et que les renforts arrivent. Ce fut l’avis de Soult qui l’emporta et dans le 58e bulletin de l’armée, l’Empereur annoncera la reprise des cantonnements par l’armée. 

·         Il dicte le 58e bulletin de la Grande armée, où il commence par le combat d’Eylau, du 7 : « …A un quart de lieue de la petite ville de Preussich-Eylau est un plateau qui défend le débouché de la plaine. Le maréchal Soult ordonna au 46e et au 18e régiment de ligne de l’enlever. Trois régiments qui le défendaient furent culbutés. Mais, au même moment, une colonne de cavalerie russe chargea l’extrémité de la gauche du 18e, et mit en désordre un de ses bataillons ; les dragons de la division Klein s’en aperçurent à temps. Les troupes s’engagèrent dans la ville d’Eylau. L’ennemi avait placé dans une église et dans le cimetière plusieurs régiments. Il fit là une opiniâtre résistance ; et, après un combat meurtrier de part et d’autre, la position fut enlevée à 10 h du soir. La division Legrand prit ses bivouacs au-dessus de la ville, et la division Saint-Hilaire à la droite. Le corps du maréchal Augereau se plaça sur la gauche. Le corps du maréchal Davout avait, dès la veille, marché pour déborder Eylau et tomber sur le flanc gauche de l’ennemi, s’il ne changeait pas de position. Le maréchal Ney était en marche pour le déborder sur son flanc droit. C’est dans cette position que la nuit se passa… » ; puis il relate la bataille d’Eylau : « …A la pointe du jour l’ennemi commença l’attaque par une vive canonnade sur la ville d’Eylau et sur la division Saint-Hilaire. L’Empereur se porta à la position de l’église que l’ennemi avait tant défendue la veille. Il fit avance le corps du maréchal Augereau, et fit canonner le monticule par 40 pièces d’artillerie de sa Garde. Une épouvantable canonnade s’engagea de part et d’autre. L’armée russe rangée en colonne, était à demi portée de canon ; tout coup frappait. Il parut un moment, aux mouvements de l’ennemi, qu’impatienté de tant souffrir il voulait déborder notre gauche. Au même moment, les tirailleurs du maréchal Davout se firent entendre et arrivèrent sur les derrières de l’armée ennemie. Le corps du maréchal Augereau déboucha en même temps en colonnes, pour se porter sur le centre de l’ennemi, et, partageant ainsi son attention, l’empêcher de se porter tout entier contre le corps du maréchal Davout ; la division Saint-Hilaire déboucha sur la droite, l’un et l’autre devant manœuvrer pour se réunir au maréchal Davout. A peine le corps du maréchal Augereau et la division Saint-Hilaire eurent-ils débouché, qu’une neige épaisse, et telle qu’on ne distinguait pas à deux pas, couvrit les deux armées. Dans cette obscurité le point de direction fut perdu, et les colonnes s’appuyant trop à gauche, flottèrent incertaines. Cette désolante obscurité dura une demi-heure. Le temps s’était éclairci, le grand-duc de Berg à la tête de la cavalerie, soutenu par le maréchal Bessières à la tête de la Garde, tourna la division Saint-Hilaire et tomba sur l’armée ennemie…La cavalerie ennemie, qui voulut s’opposer à cette manœuvre, fut culbutée ; le massacre fut horrible. Deux lignes d’infanterie russe furent rompues ; la troisième ne résista qu’en s’adossant à un bois…Cette charge brillante et inouïe, qui avait culbuté plus de 20 000 hommes d’infanterie et les avait obligé à abandonner leurs pièces, aurait décidé sur-le-champ la victoire, sans le bois et quelques difficultés de terrain. Le général de division d’Hautpoul fut blessé d’un biscaïen. Le général Dahlmann, commandant les chasseurs de la Garde, et un bon nombre de ses intrépides soldats, moururent avec gloire…Pendant ce temps, le corps du maréchal Davout, débouchait derrière l’ennemi. La neige, qui, plusieurs fois dans la journée, obscurcit le temps, retarda aussi sa marche et l’ensemble de ses colonnes. Le mal de l’ennemi est immense ; celui que nous avons éprouvé est considérable. Trois cents bouches à feu ont produit la mort de part et d’autre pendant douze heures. La victoire longtemps incertaine fut décidée et gagnée lorsque le maréchal Davout déboucha sur le plateau et déborda l’ennemi…Au même moment, le corps du maréchal Ney débouchait par Althof sur la gauche, et poussait devant lui le reste de la colonne prussienne échappée au combat de Deppen. Il vint se placer le soir au village de Schmoditten ; et par là l’ennemi se trouva tellement serré entre les corps des maréchaux Ney et Davout, que craignant de voir son arrière-garde compromise, il résolut, à huit heures du soir, de reprendre le village de Schmoditten. Plusieurs bataillons de grenadiers russes, les seuls qui n’eussent pas donné, se présentèrent à ce village ; mais le 6e régiment d’infanterie légère les laissa approcher à bout portant et les mit dans une entière déroute…Le maréchal Augereau a été blessé d’une balle. Les généraux Desjardins, Heudelet, Lochet ont été blessés. Le général Corbineau a été enlevé par un boulet. Le colonel Lacuée, du 63e, et le colonel Lemarois du 43e, ont été tués par des boulets. Le colonel Bouvières, du 11e régiment de dragons n’a pas survécu à ses blessures…Notre perte se monte exactement à 1 900 morts et 5 700 blessés…Tous les morts ont enterrés dans la journée du 10. On a compté sur le champ de bataille 7 000 Russes…L’aigle d’un des bataillons du 18e régiment ne s’est pas retrouvée ; elle est probablement tombée entre les mains de l’ennemi. On ne peut en faire un reproche à ce régiment : c’est, dans la position où il se trouvait, un accident de guerre ; toutefois l’Empereur lui en rendra une autre lorsqu’il aura pris un drapeau à l’ennemi. Cette expédition est terminée, l’ennemi battu et rejeté à cent lieues de la Vistule. L’armée va reprendre ses cantonnements et rentrer dans ses quartiers d’hiver… » (Corresp 11796 – publiée au « Moniteur » du 24 février). 

·         Bennigsen, qui avait profité de l’obscurité pour s’écouler silencieusement par sa droite devant les bivouacs de Ney vers Koenigsberg, fait annoncer une grande victoire russe à Alexandre : « …La bravoure et le courage inébranlable des Russes ont arraché une victoire disputée depuis longtemps… » Alexandre le félicitera en ses termes : « …Je vous félicite d’avoir eu la glorieuse fortune de vaincre celui qui n’avait jamais été vaincu…Je vous avoue que mon seul regret a été d’apprendre que vous avez reconnu nécessaire de vous replier… » De fait, dans toute l’Europe, Eylau apparaîtra comme un échec pour Napoléon. 

·         Le Sanhédrin, composé de 45 rabbins et de 26 laïcs se réunit à Paris, dans la salle Saint-Jean.

C.F

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8 février 2014 6 08 /02 /février /2014 00:00

 bataille d'Eylau, témoignage de l'officier d'ordonnance Paulin

«C’était le 8 février; nous venions de joindre enfin l’ennemi .Sa position était choisie et occupée avant que nos colonnes en marche aient pu prendre leur rang de bataille. Aussitôt que le petit jour le permit, le 7° corps exécutait son mouvement de concentration sur Eylau. Les trois divisions d’infanterie qui le composaient étaient bonnes, fraîches, bien commandées ; la cavalerie était aux ordres du général Beaumont ; Sénarmont commandait l’artillerie. Nous étions tout près d’Eylau, sans cependant l’apercevoir à notre gauche, tant l’atmosphère était brumeuse, quand le général Bertrand, de toute la vitesse de son cheval, accourut auprès du maréchal Augereau, avec l’ordre, de la part de l’empereur, de porter le 7° corps en avant et d’attaquer à l’instant même l’ennemi qui lui fait face. A ce moment, nous ne pouvons rien distinguer ; la neige, à gros flocons, poussée par un violent vent du nord, nous aveuglait en nous frappant au visage. Nous allons nous ébranler, attaquer… Mais, au contraire, c’est nous qui sommes attaqués avec fureur, par un ennemi qui nous voit et que nous ne pouvons apercevoir. Nos divisions en colonne n’ont pas le temps de se déployer…Une épouvantable canonnade bouleverse nos masses, et dans le trouble qu’elle cause, les Cosaques poussent une vigoureuse charge en tête et en queue. Le général de division Desjardins, à pied, est atteint d’une balle à la tête ; en tournoyant, il balbutie un commandement et tombe raide mort ; le général de division Heudelet reçoit un biscaïen dans le ventre ; le colonel Maccheï, Irlandais, sous-chef d’état-major, tenait à deux mains les rênes de son cheval ; le même boulet lui enlève les deux poignets. Tout est désordre, confusion, stupeur, sous l’avalanche des coups qui redoublent…On est obligé de mettre un peu d’espace entre soi et un ennemi dont le feu vous écrase et qu’il est impossible de voir ; on commence un mouvement rétrograde qui achève de tout perdre. Les boulets russes s’enfoncent dans toute la profondeur de nos colonnes en retraite et achèvent d’y porter un désordre inouï. Dans cet instant, je me trouvais placé à côté du maréchal [Augereau], à sa droite ; grave, il ne proférait pas une parole. Moins aguerri que lui, je me sentais frissonner, lorsqu’un boulet, avec ce bruit flasque du fer qui s’enfonce dans une masse peu résistante, traversa, par le dos, le corps du capitaine du génie Fossarde, qui était botte à botte avec moi. D’instinct je tournai la tête vers le maréchal comme pour me dire de maîtriser mon émotion dans une situation qui exigeait tant de sang-froid. C’était toujours la sévère figure des campagnes d’Italie, cette haute stature, ce coup d’œil incisif et ce nez de grand oiseau de proie ; c’était toujours cette tête, aux traits si fortement caractérisés, qu’enveloppait, un grand mouchoir blanc, duquel, sur chaque tempe, s’échappaient les boucles d’une chevelure en désordre, dépoudrée, ondulant au vent. Il portait son chapeau à plumes blanches, la corne en avant, de travers sur le côté droit ; le pantalon blanc, les bottes à retroussis jaunes, d’où pendaient deux grands tirants , selon la mode du temps. A peine eut-il réprimé par ce regard expressif l’impression qu’il avait vue se manifester sur mes traits, que lui-même il est heurté, entraîné, renversé par une multitude effarée. Il tombe tout d’un coup, dans cette mêlée, avec son cheval, complètement engagé sous sa monture. Ce n’est qu’avec les efforts réunis de tous ceux qui l’entouraient qu’on parvient à le relever. Le maréchal chancelle, sous l’étreinte de la douleur ; mais, heureusement, cette douleur n’est que le résultat de sa chute ; il a reçu, à la hanche gauche, une très forte contusion, causée par la coquille de son épée prise entre le sol et lui, pendant qu’il était sous son cheval. Tout à coup, et sans que je puisse me rendre compte comment, je me trouve séparé du maréchal, dont je soutenais le bras, et me trouve au milieu d’une charge de Cosaques poussée plus à fond que la première. Je le perds de vue et ne reconnais plus un seul camarade sur ce champ de carnage où tout, autour de moi, semble avoir cessé de vivre. Marcelin Marbot, qui quelques instants auparavant avait mis le sabre à la main, le fixant au poignet avec son mouchoir de poche tressé, avait disparu. Je restai seul de l’état-major du 7°corps dont les lambeaux couraient éparpillés. La mort et le désordre surtout avaient soufflé dessus, comme le vent soufflait sur la neige qu’il chassait devant lui. Dire ce qu’en vingt minutes, à peu près, étaient devenues trois belles division d’infanterie et une bonne cavalerie, est une chose impossible, et la pensée se révolte à ce souvenir, car jamais l’histoire des guerres n’a présenté d’exemple d’une dislocation aussi instantanée. Tout avait disparu, comme anéanti ! Mais grâce à l’atmosphère obscurcie par la neige, les Russes n’osèrent pas poursuivre le 7° corps, qui, bien que n’existant plus sur le champ de bataille, n’en était pas détruit pour cela. On apercevait encore, de distance en distance, sur les petits monticules dont était parsemé le terrain, des groupes de fantassins pelotonnés pour résister aux attaques des Cosaques qui fouillaient la plaine. Ces groupes étaient les débris d’un beau régiment dont j’ai le regret d’avoir oublié le numéro. Ils voulaient tenir bon, se cramponnaient au terrain, ne cédaient pas. Je vois encore un de ces hommes, petit, nerveux, sec comme une allumette, avec des jambes de cerf serrées dans des guêtres noires à boutons plats en cuivre jaune, montant jusqu’aux jarrets, me criant, dans son exaltation : « capitaine, ils n’iront pas plus loin ! Ils n’iront pas plus loin, capitaine ! » et, du bout de son briquet, il traçait une barre sur la neige. Vaine démonstration ; les Russes, il est vrai, n’allaient pas plus loin ; voyant le peu d’importance de ces groupes, il les abandonnaient pour se jeter au fort de la bataille, pour prendre part à l’attaque principale contre l’Empereur. Que devenir ?… Je ne savais plus où était le maréchal ; j’ignorais où était son état-major. Il ne pouvait me venir à la pensée de reculer pour aller à leur recherche. J’étais bien monté ; je marchai au canon qui tonnait du côté d’Eylau… »

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26 décembre 2013 4 26 /12 /décembre /2013 00:00

Batailles de Pultusk et Golymin

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Pultusk, 30 décembre 1806

 

47ème BULLETIN DE LA GRANDE ARMÉE

Le combat de Czarnowo, celui de Nasielsk, celui de Kolozomb, le combat de cavalerie de Lopaczin, ont été suivis par les combats de Golymin et de Pultusk; et la retraite entière et précipitée des armées russes a terminé l'année et la campagne.

 

COMBAT DE PULTUSK

Le maréchal Lannes ne put arriver vis-à-vis Pultusk que le 26 au matin. Tout le corps de Bennigsen s'y était réuni dans la nuit. Les divisions russes qui avaient été battues à Nasielsk, poursuivies par la 3e division du corps du maréchal Davout, entrèrent dans le camp de Pultusk à deux heures après minuit. A dix heures, le maréchal Lannes attaqua, ayant la division Suchet en première ligne, la division Gazan en seconde ligne, la division Gudin, du 3e corps d'armée, commandée par le général Daultanne, sur sa gauche. Le combat devint vif. Après différents événements, l'ennemi fut culbuté. Le 17e régiment d'infanterie légère et le 34e se couvrirent de gloire. Les généraux Vedel et Claparède ont été blessés. Le général Trelliard, commandant la cavalerie légère du corps d'armée, le général Bonsart, commandant une brigade de la division de dragons Beker, le colonel Barthelemy, du 15e régiment de dragons, ont été blessés par la mitraille. L'aide de camp Voisin, du maréchal Lannes, et l'aide de camp Curial, du général Suchet, ont été tués l'un et l'autre avec gloire. Le maréchal Lannes a été touché d'une balle. Le 5e corps l'armée a montré, dans cette circonstance, ce que peuvent des braves, et l'immense supériorité de l'infanterie française sur celle des autres nations. Le maréchal Lannes, quoique malade depuis dix jours, avait voulu suivre son corps d'armée. Le 85e régiment a soutenu plusieurs charges de cavalerie ennemie avec sang-froid et succès. L'ennemi, dans la nuit, a battu en retraite et a gagné Ostrolenka.

 

COMBAT DE GOLYMIN

Pendant que le corps de Bennigsen était à Pultusk et y était battu, celui de Buxhoevden se réunissait à Golymin, à midi. La division Panin, de ce corps, qui avait été attaquée la veille par le grand-duc de Berg, une autre division qui avait été battue à Nasielsk, arrivaient or différents chemins au camp de Golymin.

Le maréchal Davout, qui poursuivait l'ennemi depuis Nasielsk, l'atteignit, le chargea, et lui enleva un bois près du camp de Golymin.

Dans le même temps, le maréchal Augereau, arrivant de Golaczyzna, prenait l'ennemi en flanc. Le général de brigade Lapisse, avec le 16e d'infanterie légère, enlevait à la baïonnette un village qui servait de point d'appui à l'ennemi. La division Heudelet se déployait et marchait à lui. A trois heures après midi, le feu était des plus chauds. Le grand-duc de Berg fit exécuter avec le plus grand succès plusieurs barges, dans lesquelles la division de dragons Klein se distingua. Cependant, la nuit arrivant trop tôt, le combat continua jusqu'à onze heures du soir. L'ennemi fit sa retraite en désordre, laissant son artillerie, ses bagages, presque tous ses sacs, et beaucoup de morts. Toutes les colonnes ennemies se retirèrent sur Ostrolenka.

Le général Fénerolz, commandant une brigade de dragons, fut tué d'un boulet. L'intrépide général Rapp, aide de camp de l'Empereur, a été blessé d'un coup de fusil à la tête de sa division de dragons. Le colonel Sémélé, du brave 24e de ligne, a été blessé. Le maréchal Augereau a eu un cheval tué sous lui.

Cependant le maréchal Soult, avec son corps d'armée, était déjà ,arrivé à Mosaki, à deux lieues de Makow; mais les horribles boues, suite des pluies et du dégel, arrêtèrent sa marche et sauvèrent l'armée russe, dont pas un seul homme n'eût échappé sans cet accident.

Les destins de l'armée de Bennigsen et de celle de Buxhoevden devaient se terminer en deçà de la petite rivière d'Orzyca; mais tous les mouvements ont été contrariés par l'effet du dégel, au point que l'artillerie a mis jusqu'à deux jours pour faire trois lieues. Toutefois l'armée russe a perdu 80 pièces de canon, tous ses caissons, plus de 1,200 voitures de bagages, et 12,000 hommes tués, blessés ou faits prisonniers. Les mouvements des colonnes françaises et russes seront un objet de vive curiosité pour les militaires, lorsqu'ils seront tracés sur la carte; on y verra à combien peu il a tenu que toute cette armée ne fût prise et anéantie en peu de jours, et cela par l'effet d'une seule faute du général russe.

Nous avons perdu 800 hommes tués, et nous avons eu 2, 000 blessés. Maître d'une grande partie de l'artillerie ennemie, de toutes les positions ennemies, ayant repoussé l'ennemi à plus de quarante lieues, l'Empereur a mis son armée en quartiers d'hiver.

Avant cette expédition, les officiers russes disaient qu'ils avaient 150,000 hommes; aujourd'hui ils prétendent n'en avoir eu que la moitié. Qui croire, des officiers russes avant la bataille, ou des officiers russes après la bataille ?

La Perse et la Porte ont déclaré la guerre à la Russie. Michelson attaque la Porte. Ces deux grands empires, voisins de la Russie, sont tourmentés par la politique fallacieuse du cabinet de Saint-Pétersbourg, qui agit depuis dix ans chez eux comme elle a fait pendant cinquante ans en Pologne.

M. Philippe de Ségur, maréchal des logis de la Maison de l'Empereur, se rendant à Nasielsk, est tombé dans une embuscade de Cosaques, qui s'étaient placés dans une maison du bois qui se trouve derrière Nasielsk. Il en a tué deux de sa main, mais il a été fait prisonnier. L'Empereur l'a fait réclamer, mais le général russe l'avait sur-le-champ dirigé sur Saint-Pétersbourg.

 

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23 décembre 2013 1 23 /12 /décembre /2013 00:00

 Victoire de Czarnowo

La division Morand passa sur-le-champ pour aller s'emparer des retranchements de l'ennemi près du village de Czarnowo. Le général de brigade Marulaz la soutenait avec sa cavalerie légère. La division de dragons du général Beaumont passa immédiatement après. La canonnade s'engagea à Czarnowo. Le maréchal Davout fit passer le général Petit avec le 12e de ligne pour enlever les redoutes du pont. La nuit vint; on dut achever toutes les opérations au clair de lune, et à deux heures du matin, l'objet que se proposait l'Empereur fut empli. Toutes les batteries du village de Czarnowo, furent enlevées; Celles du pont furent prises; 15,000 hommes qui les défendaient furent mis en déroute, malgré leur vive résistance. Quelques prisonniers et six pièces de canon restèrent en notre pouvoir. Plusieurs généraux ennemis furent blessés. De notre côté, le général de brigade Boussart a été légèrement blessé. Nous avons eu peu de morts, mais près de 200 blessés. Dans le même temps, à l'autre extrémité de la ligne d'opération, le maréchal Ney culbutait les restes de l'armée prussienne, et les jetait dans les bois de Lautenburg, en leur faisant éprouver une perle notable; le maréchal Bessières avait une brillante affaire de cavalerie, cernait trois escadrons de hussards qu'il faisait prisonniers, et enlevait plusieurs pièces de canon (d'après le 45ème BULLETIN DE LA GRANDE ARMÉE).

 

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3 décembre 2013 2 03 /12 /décembre /2013 00:00

Au lendemain de la bataille que se passa-t-il ?

 

 

·         De 4 à 6 h du matin, l'Empereur reçoit, à la maison de poste de Posoritz, le prince Jean de Liechtenstein, qui vient solliciter un armistice[1]. Il lui dit : « …Vous me faites faire une grande faute, ce n’est pas après les batailles qu’il faut avoir des conférences. Je ne devrais être que soldat aujourd’hui, et je ne dissimule pas que, comme tel, je ne devrais que poursuivre une victoire et non pas écouter des paroles de paix… ». Le général autrichien lui répliqua : « …Votre Majesté n’a plus rien à conquérir. La bataille est si complète qu’Elle ne peut rien y ajouter. La paix seule peut ajouter à sa gloire… » Savary, dans ses « Mémoires du duc de Rovigo pour servir à l’histoire de l’Empereur Napoléon » T I, Ed. Garnier frères – Paris – 1900,  place inexactement cet entretien au château d’Austerlitz.

 

·         Puis, il écrit à Murat l’ordre de poursuivre l’ennemi (Corresp 9536).

 

·         Il écrit à Joséphine : « …Je t’ai expédié Lebrun[2] du champ de bataille. J’ai battu l’armée russe et autrichienne commandé par les deux empereurs. Je me suis un peu fatigué, j’ai bivouaqué huit jours en plein air, par des nuits assez fraîches. Je couche ce soir dans le château du prince Kaunitz, où je vais dormir deux ou trois heures. L’armée russe est non seulement battue, mais détruite. Je t’embrasse… » (Lettres)

 

·         Lannes dès 8 h du matin, a ordre de suivre la cavalerie de Murat qui pourchasse l’ennemi, et il se porte sur Stanitz pour gagner le flanc droit de l’ennemi. (Ronald Zins « Le maréchal Lannes » - Ed Horace Cardon – 2009 – p. 204)

 

·         Dans la matinée, il parcourt le champ de bataille à cheval, de part et d’autre de la route d’Olmütz. Puis, il monte en berline et va s’établir au château d’Austerlitz, ancien château des princes de Kaunitz. Il se rend dans les chambres que venait d’occuper le tsar. C’est là qu’il rédigera sa célèbre proclamation à ses troupes : « …Soldats, je suis content de vous. Vous avez, à la journée d’Austerlitz, justifié tout ce que j’attendais de votre intrépidité ; vous avec décoré vos aigles d’une immortelle gloire. Une armée de 100 000 hommes, commandée par les empereurs de Russie et d’Autriche, a été, en moins de 4 h, ou coupée ou dispersée. Ce qui a échappé à votre fer s’est noyé dans les lacs…Cette infanterie tant vantée, et en nombre supérieur, n’a pu résister au choc, et désormais, vous n’avez plus de rivaux à redouter…et il vous suffira de dire – j’étais à la bataille d’Austerlitz – pour que l’on vous réponde – voilà un brave… » (Corresp 9537).

 

·         Il écrit à Joseph : « …Quoique j’ai bivouaqué ces huit derniers jours en plein air, ma santé est cependant bonne. Ce soir je suis couché dans un lit, dans le beau château de M. de Kaunitz, à Austerlitz, et j’ai changé de chemise, ce qui ne m’était pas arrivé depuis huit jours… » (Corresp 9538).

 

·         Il écrit aux évêques de faire chanter un Te Deum pour remercier Dieu de sa protection (Corresp 9539).

 

·         Il écrit à Talleyrand : « …Je ne puis vous écrire que deux mots : une armée de 100 000 hommes, commandée par les deux empereurs, est entièrement détruite. Tout protocole est inutile. Les négociations deviennent nulles, puisqu’il est évident qu’elles étaient une ruse de guerre pour m’endormir. Le général Gyulai a écrit au prince Charles qu’il y aurait bataille ; il fait alors le métier d’espion. Dites à M. de Stadion que je n’ai pas été la dupe de leur ruse ; que c’est pour cela que je les ai renvoyés de Brünn ; que, la bataille étant perdue, les conditions ne peuvent plus être les mêmes… » (Corresp 9540).

 

·         Il dicte le 30ème bulletin de la Grande armée, où il explique le déroulement de la bataille ; il le conclut ainsi : «…Jamais champ de bataille ne fut plus horrible.  Du milieu des lacs immenses on entend encore les cris des milliers d’hommes qu’on ne peut secourir. Il faudra trois jours pour que tous les blessés ennemis soient évacués sur Brünn ; le cœur saigne. Puisse tant de sang versé, puissent tant de malheurs retomber enfin sur les perfides insulaires qui en sont la cause. Puissent les lâches oligarques de Londres porter la peine de tant de maux… » (Corresp 9541 paru dans « le Moniteur » du 16.12).

 

·         Il a mal aux yeux[3] et se les soigne avec des lotions chaudes d’eau de rose étendue d’eau pur. Il passe la nuit dans une pièce du rez-de-chaussée du château.

 

·         Friant écrit à Davout, son compte rendu de la bataille : « …J’ai l’honneur de vous adresser quelques détails sur la part que les troupes à mes ordres ont eue au succès d : la glorieuse journée d’hier…En conséquence de vos ordres, la division avait été divisée en trois brigades : la première, composée du 108e régiment et des voltigeurs du 15e, était aux ordres du général Heudelet ; la seconde, composée du 48e et du 111e, était aux ordres du général Lochet ; le général Kister commandait le 15e et le 33e de ligne ; dans cet ordre, elle marchait par échelons se dirigeant sur Telnitz, lorsque, arrivée à la hauteur de Rebeschowitz, il lui fut ordonné de se porter sur Sokolnitz, dans le même ordre de marche qui avait été disposé. La brigade du général Heudelet força alors le pas ; elle joignit Sokolnitz, qu’elle trouva occupé par l’ennemi ; bientôt, elle battit la charge, se précipita dans le village en faisant un carnage affreux de tout ce qui se trouva devant elle ; l’ennemi, très en force, soutint la charge. On continua de part et d’autre de combattre avec beaucoup d’acharnement ; mais comme le général Heudelet commençait à s’établir dans les premières maisons, une décharge qu’un régiment de la division du général Legrand fit malheureusement sur ses troupes, qu’il prit pour l’ennemi, le força à se jeter dans le petit bois qui se trouve à la gauche du village, après avoir longtemps soutenu le feu et les efforts d’un corps de 5 000 à 6 000 Russes, et leur avoir pris deux drapeaux, et pris et repris plusieurs pièces de canon ou caissons. L’ennemi, toutefois, s’était déjà rendu maître des hauteurs en arrière de Sokolnitz, lorsque la brigade du général Lochet arrive au pas de charge ; le 48e marche à lui, l’attaque à la baïonnette, le culbute et parvient à s’emparer des premières maisons de l’extrême droite du village…Le 111e régiment, qui était resté en bataille à quelque distance en arrière, se porte aussitôt en avant ; il charge avec vigueur un gros amas de gens s’avançant sans ordre, sans chefs, et jetant des clameurs horribles ; il les repousse, puis il attaque un corps nombreux qui marchait pour couper les communications de la brigade Lochet avec celle du général Kister qui arrivait et se déployait sur la gauche. Les 15e et 33e, à peine arrivés et déployés, marchent à l’ennemi ; rien ne résiste à leur vigoureuse attaque ; le 15e se dirige sur le pont, en chasse un corps dix fois plus nombreux que lui, pénètre dans Sokolnitz pêle-mêle avec les Russes en immolant à la baïonnette tout ce qui prétend s’opposer à lui. Cependant l’ennemi recevait à chaque instant de nombreux renforts de sa droite ; il parvient encore à réunir ses troupes éparses et battues, il les ramène au combat du village, dans la plaine et sur les hauteurs ; deux fois de suite elles y sont repoussées, deux fois il les ramène à la charge et parvient à nous obliger nous-mêmes à un mouvement rétrograde. Le 15e avait été obligé de se retirer jusque sur les hauteurs qui étaient précédemment à sa gauche ; le 33e, qui se trouve par ce mouvement découvert et débordé sur son flanc, doit faire également un mouvement rétrograde. Le 15e avait été obligé de se retirer jusque sur les hauteurs qui étaient précédemment à sa gauche ; le 33e, qui se trouve par ce mouvement découvert et débordé sur son flanc, doit faire également un mouvement rétrograde. Je crus qu’il fallait alors frapper un coup décisif. Je ralliai le 15e et le fis marcher de nouveau en avant. Je ralliai ensuite le 33e, lui fis faire un changement de front et l’élevai sur le flanc gauche de l’ennemi ; de là il marcha aux Russes avec fureur, la baïonnette croisée, les renversant et en faisant un carnage affreux. De toutes parts on battit la charge. L’ennemi, pour cette fois, est mis en déroute sans retour et sans qu’il lui soit donné un seul moment de reprise. Il se sauve dans le plus grand désordre du côté du lac. Le village, les hauteurs sont emportés. Bientôt nous sommes maîtres du champ de bataille. Vingt pièces ou obusiers tombent en notre pouvoir avec un grand nombre de prisonniers. L’ennemi, en se retirant, abandonne ses bagages, jette son butin et ses armes pour se sauver avec plus de vitesse. La terre demeure jonchée de morts et de blessés, qui sont abandonnés à la merci de nos braves troupes... » (« Opérations du 3e corps – 1806-1807 » rapport du maréchal Davout, duc d’Auerstaedt. Paris – Calmann Lévy – 1896 – p. 213 à 215). 

 

C.F

[1]  Voir tableau de Carle Vernet au château de Grobois.

[2]   Le colonel.

[3]   Il ne guérira que le 10.

 

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26 novembre 2012 1 26 /11 /novembre /2012 00:00

La Berezina du Sergent Bourgogne

"...Le lendemain 26 (novembre 1812), dans la journée, nous allâmes prendre position sur les bords de la Berezina. [...] En arrivant, nous vîmes les braves pontonniers travaillant à la construction des ponts pour notre passage. [...] Un de mes amis m'a assuré avoir vu l'Empereur leur présentant du vin. A deux heures de l'après-midi, le premier pont fut fait. [...] Le second pont, pour l'artillerie et la cavalerie, fut terminé à quatre heures. Un instant après notre arrivée sur le bord de la Berezina, je m'étais couché, enveloppé dans ma peau d'ours et, aussitôt, je tremblai de la fièvre. Je fus longtemps dans le délire ; je croyais être chez mon père, mangeant des pommes de terre et une tartine à la flamande, et buvant de la bière. Je ne sais combien de temps je fus dans cette situation, mais je me rappelle que mes amis m'apportèrent, dans une gamelle, du bouillon de cheval très chaud que je pris avec plaisir et qui, malgré le froid, me fit transpirer, car, indépendamment de la peau d'ours qui m'enveloppait, mes amis, pendant que je tremblais, m'avaient couvert avec une grande toile cirée qu'ils avaient arrachée d'un dessus de caisson de l'état-major, sans chevaux. Je passai le reste de la journée et de la nuit sans bouger.

 

Le lendemain 27, j'étais un peu mieux, mais extraordinairement faible. Ce jour-là, l'Empereur passa la Berezina avec une partie de la Garde et environ mille hommes appartenant au corps du maréchal Ney..."

 

Sergent Bourgogne, Mémoires du sergent Bourgogne, ed. Arléa

 

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26 novembre 2012 1 26 /11 /novembre /2012 00:00

La Bérézina, 26-29 novembre 1812, Alain Pigeard

Employé par les journalistes et l'homme de la rue, le nom de Bérézina est devenu un synonyme de défaite, et même pire, de déroute. Pourtant, si l'on examine avec recul et sérénité ces événements, il convient de remarquer que l'armée russe a un objectif majeur : empêcher les Français de traverser la rivière Bérézina au gué de Studianka et, si possible, faire prisonnier les restes de la Grande Armée avec surtout son chef, l'Empereur Napoléon. Il n'en fut rien, l'armée française s'échappa et ce ne furent que quelques milliers de traînards qui restèrent aux mains des Russes. Si l'expression « c'est la Bérézina » doit être utilisée, c'est bien chez les Russes qu'on doit l'appliquer !

 

L'auteur montre que la Bérézina ne constitue pas une défaite, ni une déroute pour l'armée française : seuls quelques milliers de soldats de la Grande Armée furent prisonniers des Russes qui avaient pour mission d'empêcher les Français de traverser cette rivière et de faire prisonniers l'armée et l'Empereur.

 

La Bérézina, 26-29 novembre 1812, Alain Pigeard, éditions Napoléon 1er / Sotec, 9.9 €

 

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24 novembre 2012 6 24 /11 /novembre /2012 00:00

Bataille de Loano

 

victoire non-exploitée

 

La bataille de Loano est une bataille des guerres de la Révolution française, en 1795, et une victoire des forces françaises de Masséna sur les Autrichiens de Wallis et d’Argenteau

 

Bataille de Loano
Loano-IMG 0417.JPG
Informations générales
Date 22 novembre 1795
Lieu Loano
Issue Victoire française
Belligérants
Drapeau de France France Drapeau: Empire d'Autriche Empire d’Autriche
Piémont  Piémont
Commandants
André Masséna
Charles Augereau
Comte Olivier de Wallis (en)
Eugène Argenteau
Benedetto de Savoie (en)
Forces en présence
25000 hommes 18000 hommes
Pertes
3000 hommes 7000 hommes et 48 canons
Première coalition
Batailles
Guerre de la Coalition

Verdun — Thionville — Valmy — Lille — 1er Mayence — Jemappes — Namur — Francfort — Neerwinden — Landau — Famars — 2e Mayence — 1er Arlon — Valenciennes — Hondschoote — Méribel — Ménin — Wissembourg — Wattignies — Kaiserslautern — 2e Arlon — Geisberg — Tourcoing — Tournai — Ouessant (navale) — Fleurus — Calvi — Sprimont — Luxembourg — Helder — Gênes (navale) — Hyères (navale) — 3e Mayence — Groix (navale) — Irlande (1796) — Droits de l'Homme (navale) — Cap Saint-Vincent (navale) — Santa Cruz de Tenerife (navale) — Camperdown (navale) — Kehl


Guerre du Roussillon
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1er Consul

2 août 1802 jusqu'au 18 mai 1804

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Napoléon Ier

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18 mai 1804 au 6 avril 1814 et du 20 mars 1815 au 22 juin 1815

napoleon1er

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