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23 octobre 2012 2 23 /10 /octobre /2012 23:00

 Jacques Laffitte

Les débuts à Paris

 

 Celui qui sera surnommé le " roi des banquiers " et le " banquier des rois " est né à Bayonne (Pyrénées-Atlantiques), le 24 octobre 1767, dans une famille nombreuse, sans grandes ressources. Son père, Pierre Laffitte (mort en 1789) était maître charpentier et dut élever ses dix enfants (4 fils dont Jacques, et 6 filles). Jacques fait peu d'études. À 12 ans, il est apprenti charpentier chez son père ; pendant deux ans, troisième clerc chez un notaire à Bayonne ; puis, à 14 ans, il entre comme commis chez M. Formalaguès, négociant à Bayonne. En 1788 (il a 21 ans), il monte à Paris avec une lettre de recommandation de son patron négociant pour le banquier Jean Frédéric Perrégaux (1744-1808). Selon la légende, en le voyant ramasser une épingle dans la cour de son hôtel, le banquier, qui l'avait tout d'abord éconduit, se ravise et engage ce jeune homme comme teneur de livres dans sa banque. La confiance de Perrégaux était bien placée : très vite, Laffitte montre, pour les affaires, une aptitude remarquable. En 1790, ses appointements sont portés à 3 000 francs. " Ce jour-là, dira-t-il, je crus posséder le Pérou. Mes petites dépenses bien ordonnées et toutes payées, il me restait 125 francs d'économies, 23 ans d'âge et le roi n'était pas mon cousin ". En l'an II, il est intéressé aux bénéfices. Sous la Révolution, la banque Perrégaux, en raison de ses relations avec l'étranger, est la banque du Comité de Salut public. En l'an VIII, Perrégaux est dans la mouvance favorable au coup d'État et il sera l'un des conseillers financiers de Napoléon.

 

 

Sous le Consulat et l'Empire

 

En floréal an IX (mai 1801) Jacques Laffitte épouse Marine Françoise Laeut, née vers 1783 (décédée en 1849), fille de Jean-Baptiste Laeut, alors dit " ancien négociant et auparavant capitaine de navire " et de Madeleine Angélique Chambrelan, demeurant au Havre. Le 23 février 1806, Perrégaux associe Laffitte à ses affaires, sous la raison sociale " Perrégaux et Cie " (3/4 du capital social à Perrégaux, 1/4 à Laffitte). Mais, la mauvaise santé de Perrégaux entraîne sa dissolution anticipée. Une nouvelle société est constituée le 29 décembre 1807, pour une durée de 10 ans, sous la raison sociale " Perrégaux, Laffitte et Cie " (50 % du capital social à Laffitte, chef et gérant, 25 % à Perrégaux fils, commanditaire (1) et 25 % à la fille de Perrégaux, commanditaire) (2). Rapidement, elle devient la première banque de Paris et l'une des plus puissantes banques européennes. Le 19 janvier 1809, Laffitte est nommé régent de la Banque de France, au fauteuil n° 1, en remplacement de Perrégaux décédé (il assurera cette fonction jusqu'en 1831). D'autre part, il est juge au Tribunal de commerce de la Seine dès 1809 et président de la Chambre de commerce (2 mai 1810 au 14 mai 1811). Le 6 avril 1814, il est nommé gouverneur " provisoire " de la Banque de France (il occupera cette fonction jusqu'en 1820 et sera alors remplacé par Gaudin, duc de Gaëte).

 

En 1810, il demeure 27, rue de Gramont, à Paris (2e) (Almanach impérial, 1810, p. 616) ; dès 1815, au n° 9, puis 11, rue du Montblanc (redevenue depuis 1816, rue de la Chaussée d'Antin) à Paris IXe ; en 1822, rue d'Artois n° 19, devenue en 1830, de son vivant, la rue Laffitte IXe, aujourd'hui n° 27).

Après Waterloo et l'abdication (22 juin 1815), l'Empereur, avant de partir pour Rochefort, le reçoit à Malmaison, le 26 juin, lui fait remettre par Peyrusse une somme de 6 millions de francs et refuse toute reconnaissance de dette. Cependant, Laffitte lui envoie une lettre de crédit sur ses correspondants en Amérique. À Sainte-Hélène, Napoléon, par testament, léguera la moitié de cette somme à Montholon.La fortune de Laffitte est très importante. En 1818, il achète à la maréchale Lannes, duchesse de Montebello, le château de Maisons-sur-Seine, aujourd'hui, Maisons-Laffitte, Yvelines (Répertoire mondial des Souvenirs et Monuments napoléoniens, 1994, Ed. SPM, p. 327). Il possède aussi deux autres châteaux : à Meudon (Hauts-de-Seine), 23, route des Gardes (Répertoire mondial..., p. 373) et à Breteuil-sur-Yton (Eure), au coin de la place et de la rue Laffitte (Répertoire mondial..., p. 101).

 

 

 

Après l'Empire

 

Sous la Restauration, Laffitte modifie, à trois reprises, les bases de la société bancaire, en 1817, 1823 et 1827-1828, sous la même raison sociale " Jacques Laffitte et Cie " (le fils Perrégaux reste dans la société). D'autre part, il entre en politique : en 1816, il est élu député de la Seine et sera réélu jusqu'en 1830. Il siège dans l'opposition libérale.  En 1821, il inaugure la souscription pour les enfants du général Foy par un don de 50 000 francs. En 1830, il finance le journal Le National, et il est l'un des instigateurs de la chute de Charles X et de l'accession au trône de Louis-Philippe (son hôtel de la rue d'Artois est le centre de l'agitation) (3). Il est président du conseil, avec le portefeuille des Finances, du 2 novembre 1830 au 13 mars 1831. Mais la crise de 1830-1831, ses fonctions politiques et ses munificences font qu'il est presque ruiné lorsqu'il quitte le ministère. Il doit liquider sa banque et n'évite la faillite que grâce à une avance de la Banque de France garantie par les biens de la liquidation et sa fortune personnelle. Une souscription nationale rachète son hôtel de la rue d'Artois (rue Laffitte) pour le lui offrir ; sa femme vend ses diamants et lui en remet le prix. En 1836, il remonte une banque d'affaires : la " Caisse générale du commerce et de l'industrie J. Laffitte et Cie ", pour le petit commerce et sa fortune, qui pouvait être évaluée, au temps de sa splendeur, à 20-25 millions, est ramenée à 4 millions (plus le château de Maisons et son hôtel parisien). Réélu à la chambre, il siège encore dans l'opposition et déclare amèrement : " Je demande pardon à Dieu et aux hommes d'avoir concouru à la révolution de Juillet ". Au lendemain des journées de juillet 1830, il avait fondé la loge " Les trois jours " à l'Orient de Paris, dont il fut le vénérable.

 

Jacques Laffitte meurt à Paris, dans son hôtel de la rue Laffitte, le 26 mai 1844, à 77 ans. Il est inhumé au cimetière du Père-Lachaise, 30e division (chapelle avenue des Acacias, 1re ligne : Répertoire mondial..., p. 305). Ses Mémoires, publiés par Paul Duchon, à Paris, en 1932, sont très anecdotiques (J. Tulard, Bibliographie critique..., 1971, p. 95). Sa fille unique, Albine Étiennette Marguerite Laffitte (décédée en 1881) s'était mariée, le 26 janvier 1828, avec Joseph Napoléon Ney (1803-1857), prince de La Moskowa, alors officier au service de la Suède, fils aîné du maréchal de l'Empire (sous le Second Empire, il sera nommé général de brigade et sénateur). À Sainte-Hélène, Napoléon a jugé Laffitte : " Je vous connais Monsieur Laffitte, je sais que vous n'aimez pas mon gouvernement, mais je vous tiens pour un honnête homme " (André Palluel, Dictionnaire de l'Empereur, Plon, 1969, p. 685) (4)

 

 

Marc Allégret, Revue du Souvenir Napoléonien N° 438

 

 

 Notes

 

 

 (1) Le fils de Perrégaux, Alphonse Claude Charles Bernardin (1785-1836) était auditeur au Conseil d'État et chambellan de Napoléon. En 1813, il épousera Anne Élisabeth Macdonald de Tarente (1794-1822), fille du maréchal.

(2) La fille de Perrégaux, Anne Marie Hortense (1779-1857) avait épousé, en 1798, Marmont, aide de camp de Bonaparte. Elle deviendra la maréchale Marmont et la duchesse de Raguse.

(3) Voir André Castelot, Louis-Philippe, Perrin, 1994, p. 200 et suiv.

(4) Sources : Roman d'Amat, Dictionnaire de biographie française, fascicule CIX-XIX 109, 1995, p. 163, notice T. de Moremberg ; Dictionnaire Napoléon : notice "Laffitte", par R. Szramkiewicz, p. 1019 ; Les régents et censeurs de la Banque de France nommés sous le Consulat et l'Empire, par Romuald Szramkiewicz, Genève, Librairie Droz, 1974, p. 206 ; Revue du Souvenir Napoléonien, n° 276, juillet 1974, "Les banquiers sous Napoléon".

 

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22 octobre 2012 1 22 /10 /octobre /2012 23:00

Naissance d'Emmanuel de Grouchy

De Grouchy, l'histoire retient surtout son nom lié pour toujours à la bataille de Waterloo où son inaction fut tragique pour l'armée française et le destin de Napoléon.

Une relecture de son parcours militaire nuance pourtant le jugement, sévère, de la postérité.

Car ce brillant officier de cavalerie eut une carrière empreinte de courage, de bravoure et de gloire tout au long de l'histoire Napoléonienne, que ce soit durant la période révolutionnaire ou impériale.

Le futur maréchal Grouchy né le 23 octobre 1766 dans une vieille famille qui côtoie durant son enfance une partie de la haute société politique et intellectuelle de l'époque.

Il embrasse la carrière militaire et passe officier aux gardes du corps lorsqu'éclate la Révolution.

Son enthousiasme pour les idées nouvelles le pousse à démissionner de son poste dans l'armée royale.

Face à la menace des coalisés européens qui s'acharnent sur les frontières françaises, Grouchy reprend du service en 1791, devient colonel de hussards dans l'armée du centre, en 1792, intègre ensuite l'armée des Alpes puis participe à la répression en Vendée en tant que général de division sous les ordres du général Hoche.

En 1796, il est du débarquement en Irlande qui devait contribuer à aider les patriotes Irlandais contre l'Empire britannique. Après cette expédition peu glorieuse, Grouchy est envoyé en 1798 à l'armée d'Italie où Il participe à la bataille de Novi: son courage lui vaudra 14 blessures et 1 an de captivité.

A sa libération, il est affecté dans l'armée de réserve et participe à la victoire de Hohenlinden du 3 décembre 1800, mais ses liens avec Moreau, général impliqué dans un complot contre le Premier Consul , lui valent d'etre tenu à l'écart.

Il revient toutefois en grâce au début de l'Empire et participe à la campagne de 1805 contre les troupes austro-russes.

En 1806, il se distingue avec sa division de cavalerie contre l'armée prussienne.

En 1807, à la tête de ses cavaliers, il se couvre de gloire à la bataille d'Eylau (Il fait partie de la fameuse charge «des 80 escadrons»), et quelques mois plus tard à la bataille de Friedland.

En récompense de ses services, il reçoit le titre de comte d'Empire et une affectation en Espagne en 1808.

Gouverneur de Madrid, il combat énergiquement l'insurrection madrilène du 2 mai. En 1809, il quitte l'Espagne et s'illustre à la tête de ses cavaliers à la bataille de Wagram.

Ses talents de commandant de cavalerie sont tels qu'il est nommé, pendant la campagne de Russie, à la tête d'un corps de cavalerie de plus de 10.000 hommes ! Lors de la bataille de la Moskowa, il combat avec ardeur durant la retraite de Russie où il est chargé des combats d'arrière garde.

Il est mis à la tête de « l'escadron sacré » rassemblant tous les officiers encore valides chargés d'assurer la protection de l'Empereur.

Après la désastreuse campagne de Russie, l'Empereur le maintient à la tête de la cavalerie.

En signe de désapprobation, Grouchy qui souhaitait une promotion dans l'infanterie se retire sur ses terres.

Il demande toutefois à reprendre du service en 1813, lorsque les alliés menacent la France.

Lors de la campagne de France, commandant en chef de la cavalerie de la Grande Armée, il se bat avec sa fougue habituelle où il est grièvement blessé.

Le 1er mars 1815, au retour de Napoléon de l'île d'Elbe, Grouchy se rallie à l'Empereur et lui propose ses services.

Il est fait «Maréchal d'Empire» (le dernier de l'épopée napoléonienne) et dirige un corps d'armée lors de la campagne contre les armées anglo-prussiennes en Belgique.

Après la victoire de Ligny (16 juin 1815), où les forces françaises mettent en déroute l'armée prussienne, Grouchy est chargé avec ses 30.000 hommes de poursuivre les 100.000 Prussiens et d'empecher leur ralliement à l'armée anglaise de Wellington.

Grouchy, en militaire discipliné, s'attache avec trop de zèle aux ordres qui lui ont été donnés et ne prend pas l'initiative de rejoindre l'Empereur qui a besoin de renforts.

La légende l'accuse: Grouchy aurait dégusté des fraises pendant que ses frères d'arme tombaient à quelques kilomètres de là.

Son inaction entraîne la défaite, la chute de l'Empire et l'abdication définitive de Napoléon.

Proscrit par Louis XVIII à la seconde restauration, Grouchy s'exile aux États-Unis.

Il revient en France en 1821 et s'éteind sous la monarchie de juillet,en 1847.

Sa carrière militaire restera malheureusement entachée par sa responsabilité dans la défaite de Waterloo.

 

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21 octobre 2012 7 21 /10 /octobre /2012 23:00

Joseph Sulkowski

Chef d'escadron provisoire (lieutenant-colonel) et aide de camp de Bonaparte, né dans le palatinat de Poznam en Pologne le 22 Octobre 1770, tué le 22 octobre 1798 par des émeutiers au Caire en Égypte.

Joseph Sulkowski appartient à l'illustre famille des Sulkowski apparentée à de nombreuses familles régnant en Europe. Après avoir été élevé dans le palais d'un de ses oncles, Joseph Sulkowskireçoit une éducation soignée dans les langues et l'histoire militaire. Après la mort du prince Auguste en 1786, il entre dans l'armée polonaise sous les ordres de Zabiello et prend part à la campagne de 1792 contre les Russes en Lituanie. Admiratif de la Révolution française, il obtient la naturalisation française en 1793 et épouse l'une des 2 filles de l'orientaliste Jean-Michel de Venture de Paradis qui participera à l'expédition d'Égypte. Sulkowski entre dans l'armée française le 1er mai 1796 avec le grade de capitaine. Envoyé à l'armée d'Italie et remarqué par Bonaparte, il devient l'un de ses aides de camp. Il fait partie de l'expédition d'Égypte. Le 6 juillet 1798, Bonaparte écrit d'Alexandrie au Directoire pour demander la nomination de Sulkowski au grade de chef d'escadron car c'est "un officier de grand mérite et qui a été deux fois culbuté de la brèche" (la confirmation de sa nomination n'arrivera qu'après sa mort, selon arrêté du Directoire du 7 novembre 1798).

 

Le 11 août 1798, Sulkowski est blessé grièvement au combat de Salayeh.

 

Le 22 août 1798, il est nommé membre de l'Institut d'Égypte dans la section d'économie politique et dans une commission chargée d'établir un lexique franco-arabe. Durant la deuxième journée de la révolte du Caire, à la pointe du jour, le 22 octobre 1798, Sulkowski est envoyé en reconnaissance à la tête d'une quinzaine de guides. A son retour, attaqués par les émeutiers, 4 guides se sauvent et tous les autres sont tués.

 

Bonaparte écrit au Directoire le 27 octobre 1798, à propos de Sulkowski : "son cheval ayant glissé, il a été assommé. Les blessures qu'il avait reçues au combat de Salahieh n'étaient pas encore cicatrisées. C'était un officier des plus grandes espérances."

 

Selon Belliard, Bonaparte très affecté par la mort de Sulkowski, aurait aussi dit : " Il est mort, il est heureux." Après sa mort une grande mosquée avec un mur d'enceinte fortifié, située à la périphérie du Caire sur la route de Belbeis, et transformée en fort pouvant contenir 600 hommes et 600 chevaux, est appelée fort Sulkowski.

 

Le nom de SULKOWKI (SULKOSKY) est inscrit sur l'Arc de Triomphe en 1836, sur le pilier sud en colonne 28.

 

Sulkowski laisse de nombreuses lettres et : Mémoires historiques, politiques et militaires sur les révolutions de la Pologne (1792 - 1794), la campagne d'Italie (1796, 1797), l'expédition du Tyrol et les campagnes d'Égypte (1798).

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21 octobre 2012 7 21 /10 /octobre /2012 23:00

Jean-Marie Valhubert

Jean-Marie Mellon Roger, plus connu sous le nom de Jean-Marie Valhubert (également orthographié Walhubert) ou de général Valhubert, né le 22 octobre 1764 à Avranches et mort le 3 décembre 1805 à Brünn, était un militaire français.

Jean-Marie Mellon Roger entra, avant d’avoir atteint sa vingtième année, dans le régiment de Rohan-Soubise. À l’époque de la Révolution française, il était retourné dans sa famille.

En 1791, le 1er bataillon de la Manche le choisit pour chef le 22 octobre. Il conduisit ce bataillon à l’armée du Nord, avec laquelle il fit les campagnes de 1792 à 1793.

Cet officier supérieur se fit remarquer à Lille, à Anvers, à Lawfeld ; fut fait prisonnier au Quesnoy le 13 septembre 1793, et conduit en Hongrie. Échangé au commencement de l’an IV, il servit à l’armée de l’intérieur jusqu’à la suppression de cette arme, et resta en garnison à Paris, du mois de vendémiaire an V au 30 germinal an VII, avec le grade de chef de la 28e demi-brigade, qu’il commandait à Bataille de Montebello (1800).

Envoyé alors dans le Valais, il se distingua, le 23 prairial, dans la vallée de la Vispa, où il soutint un combat inégal.

Le 28 thermidor, il enleva le Simplon à l’ennemi.

Pendant la campagne de l’an VIII, il donna de nouvelles preuves d’une valeur peu commune. Le 17 prairial, il passe le Pô dans une barque et donne l’élan à l’armée. Le 19, en avant de Broni, à la tête de 50 hommes, il fait mettre bas les armes à 3 000 Autrichiens ; un corps plus nombreux lui ayant enlevé ses prisonniers, il s’élance avec son cheval au milieu de l’ennemi, saisit le commandant au collet, lui promet quartier, et tout se rend.

 À Montebello, il résiste avec sa 28e demi-brigade à toute la cavalerie autrichienne.

 Blessé d’un coup de feu, le 25, à Marengo, il reste à son poste et ne cesse de commander pendant la durée de l’action.

Au passage du Mincio, le 4 nivôse an IX, un boulet le renverse et le prive de la voix. On le presse de se retirer, il refuse, se fait remettre à cheval et continue de combattre.

Par arrêté du 28 fructidor, le premier Consul avait fait une nombreuse distribution d’armes d’honneur, et Valhubert avait été oublié. Tous les officiers de la 28e se réunirent, le 15 vendémiaire an XI, pour adresser au Consul une réclamation à ce sujet, et un arrêté du 4 pluviôse, rappelant tous les faits d’armes de ce chef de brigade, lui décerna enfin un sabre d’honneur

Le ministre envoya le 19 ventôse, au conseil d’administration du corps, le brevet d’honneur de Valhubert

L’année suivante, le premier Consul le nomma, le 11 fructidor, général de brigade, et l’employa au camp de Saint-Omer.

Le 19 frimaire an XII, il le fit membre de la Légion-d’Honneur, et commandant de l’Ordre le 25 prairial suivant.

Attaché en l’an XIV à la 4e division du 4e corps de la grande armée, commandée par Suchet, il combattit à la bataille d'Austerlitz le 11 frimaire, et y eut la cuisse fracassée par un éclat d’obus. Tombé, et dans l’impossibilité de se relever, des soldats veulent le transporter à l’ambulance. Il mourut de ses blessures cinq jours après cette dernière bataille, où il était resté à son poste avec la cuisse fracassée (1805). Ses camarades lui élevèrent un monument dans les plaines de la Moravie. L’Empereur accomplit les derniers vœux du décédé. Il se chargea de la famille de ce général, ordonna qu’un monument soit élevé au lieu même où il avait été blessé, que son nom fût donné à une nouvelle place de Paris qui se trouve entre le Jardin des Plantes et le pont d'Austerlitz (la place Valhubert), et qu’on y érigeât sa statue en marbre. Charles X fit don de la statue à sa ville natale en 1828, mais elle ne fut inaugurée à Avranches que le 16 septembre 1832.

Son nom est inscrit sur le côté Est de l’arc de triomphe de l'Étoile, et sur les tables de bronze de la Galerie des batailles du château de Versailles.

 

Charles Mullié, Biographie des célébrités militaires des armées de terre et de mer de 1789 à 1850, 1852

 

 

Mort du général Walhubert

par Souvenir Napoléonien, lundi 22 octobre 2012, 17:25 · 

Le soleil d’Austerlitz n’a pas encore lui.

Avec ses maréchaux groupés autour de lui,

Et, près de là, tenant en réserve sa garde,

Du haut d’un mamelon Napoléon regarde,

Monté sur un cheval gris aux naseaux fumants,

S’en aller, l’arme au bras, les derniers régiments

Vers la plaine déjà par d’autres occupée.

Tous l’acclament. Aux chefs saluant de l’épée,

L’Empereur fait un signe, et, quand passe un drapeau,

 

Calme, il porte la main à son petit chapeau.

Dans cette steppe, au loin par la brume obscurcie,

Tout ce qu’ont de soldats l’Autriche et la Russie

Aujourd’hui va barrer la route au conquérant.

L’heure est grave. Effrayé presque d’être si grand,

Celui qui vient dans Ulm d’écraser l’Allemagne

Et qui, pour terminer d’un seul coup la campagne,

Veut une fois déplus, ce soir, être vainqueur,

Sent un léger frisson lui traverser le cœur.

 — N’as-tu jamais aucun vertige, aigle qui planes ? —

Or, comme défilait au pas le corps de Lannes,

— On en était à la brigade Walhubert —

Le soleil, jusqu’alors de nuages couvert,

Éclaira tout à coup l’immense paysage ;

Et le grand fataliste y voyant un présage,

Et sentant que l’espoir en son cœur renaissait,

Sourit au général Walhubert qui passait.

 

L’obscur soldat partit, ivre de ce sourire.

La veille d’Austerlitz, on avait fait prescrire,

De peur de dégarnir les rangs, que les blessés,

Officiers ou soldats, ne fussent ramassés

Que le soir, une fois la bataille finie.

 

Chose affreuse ! ils devaient traîner leur agonie

Dans ce champ clos glacé par la bise du nord,

Où la pitié viendrait seulement quand la mort

Aurait enfin cuvé sa sanglante débauche.

Le maréchal devait opérer sur la gauche,

Par la route d’Olmütz, forte position

Prise par Lichtenstein et par Bagration ;

Et Walhubert servait sous lui. — Quelle tuerie !

D’abord ce fut un grand choc de cavalerie,

Et les carrés français, sur leurs quadruples fronts,

Eurent à repousser quatre-vingts escadrons ;

Puis Kellermann, sabrant, nous fit la place nette ;

Et nos vieux régiments, croisant la baïonnette,

Marchèrent, les tambours devant, l’aigle au milieu,

Vers Pratzen, où tonnaient trente bouches à feu.

Quand ces grands mouvements sous le canon s’opèrent,

C’est terrible ! Combien de braves gens tombèrent

 

Dans cette plaine où rêve aujourd’hui le berger !

Castex, le colonel du treizième léger,

Un officier superbe et de très haute taille,

Fut frappé d’une balle au front, et la mitraille

Enleva d’un seul coup un groupe de tambours.

N’importe ! Sur Pratzen, dont brûlaient les faubourgs

Et dont les grenadiers du czar gardaient rentré

 

Nos petits fantassins, en colonne serrée,

S’avançaient lentement, commandés par Suchet ;

Et, dans cet ouragan formidable, on marchait :

— Car, pour vaincre, il fallait prendre cette bourgade.

Ce fut à Walhubert d’enlever sa brigade,

À Walhubert, à qui l’Empereur a souri !

 

« En avant ! » commanda le héros.

A ce cri,D’un effort furieux ses bataillons partirent ;

Et par un feu nourri les Russes répondirent ;

Et comme Walhubert, joyeux, caracolait,

Poitrine au vent et sabre à la main, un boulet

Le jeta sur le sol, la cuisse fracassée.

La colonne d’attaque était trop bien lancée :

Elle ne cessa pas pour si peu de courir.

Mais, comme des soldats venaient le secourir,

 

L’intrépide blessé les écarta d’un signe,

Et dit sévèrement :

« Eh bien ! Et la consigne !

Qu’on me prenne un drapeau russe pour mon linceul !...

Grenadiers, à vos rangs !... Je peux mourir tout seul !... »

 

François Coppée, Mort du général Walhubert — Récits épiques

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21 octobre 2012 7 21 /10 /octobre /2012 23:00
22-23 Octobre 1812

Conspiration du Général Malet

"...Les faits se déroulent lors de la retraite de Russie.Napoléon est à Dorogobouge, près de la Bérézina On détenait depuis plusieurs années, dans les prisons de la Conciergerie, un ancien officier, le général Malet, gentilhomme franc-comtois, républicain ardent et sincère, formé comme beaucoup d’hommes de son temps et de sa naissance à l’école de J. J. Rousseau, devenu général de la république, et ne pardonnant pas à Napoléon de l’avoir détruite. La domination d’une seule idée rend un homme fou, ou capable de choses extraordinaires, et produit souvent les deux résultats à la fois. L’idée unique qui remplissait l’esprit du général Malet, c’est qu’un chef d’État faisant constamment la guerre devait être un jour ou l’autre emporté par un boulet, qu’avec cette nouvelle, vraie ou même inventée, il devait être facile d’enlever toutes les autorités, et de faire accepter à la nation un autre gouvernement, car la personne de Napoléon était tout, hommes, choses, lois, institutions. Sous l’empire de cette préoccupation, il avait sans cesse combiné dans son esprit les moyens de surprendre les autorités avec la nouvelle inventée de la mort de Napoléon, de proclamer un gouvernement nouveau, et d’amener aux pieds de ce gouvernement la nation fatiguée de despotisme, de silence et de guerre. En 1807 et en 1809, il avait songé un instant à la réalisation de sa chimère, et quelques confidences, inévitables ou non , ayant mis la police sur la voie de ce qu’il méditait, on l’avait enfermé. II était depuis cette époque détenu à Paris. Prisonnier, sa préoccupation n’en était devenue que plus exclusive, et en voyant Napoléon à Moscou, il s’était. dit que c’était le moment ou jamais d’essayer l’exécution de son plan, mais cette fois en ne mettant personne dans son secret, en tirant tout de lui-même, de lui seul, et au moyen de la plus incroyable audace. Transféré dans une maison de santé près de la porte Saint-Antoine, et là s’étant lié avec un prêtre doué de la même discrétion, et animé des mêmes sentiments que lui , il avait. imaginé de supposer la mort de Napoléon, en n’avouant à personne le mensonge de cette supposition, de fabriquer de faux ordres, une fausse délibération du Sénat, et à l’aide de cette délibération imaginaire qui rétablirait la république, de se rendre à la caserne, d’entraîner un régiment, avec ce régiment d’aller aux prisons pour délivrer plusieurs militaires actuellement détenus, tels que le général Lahorie, ancien chef d’état-major de Moreau, le général Guidal, compromis pour quelques relations avec les Anglais, de partir avec ces généraux, de s’emparer de la personne de tous les ministres, de convoquer à l’Hôtel de ville un certain nombre de grands personnages réputés peu favorables au gouvernement, et d’y proclamer la république.

 

Quoiqu’il eût profondément médité sur son sujet, et beaucoup songé à tous les détails d’exécution, il restait des choses pourtant auxquelles il n’avait pas pourvu, soit qu’il fût pressé d’agir, soit qu’il s’en fiât à la fortune, qui doit être de moitié dans toutes les entreprises extraordinaires, à condition cependant qu’on ne lui laisse à faire que le moins possible. Aidé du prêtre qu’il s’était associé, il avait choisi deux jeunes gens, fort innocents, mais fort courageux, n’ayant pas son secret, et destinés à lui servir d’aides de camp. Avec leur secours il s’était procuré, dans un lieu voisin de sa maison de santé, des uniformes et des pistolets. Le 22 octobre 1812 au soir, jour même où Napoléon manœuvrait autour de Malo-Jaroslawetz, il profite de la nuit faite, s’échappe par une fenêtre de la maison de santé où il était (le prêtre, qui l’avait assisté de sa plume, s’était enfui à l’avance), court au logement où l’attendaient ses deux jeunes gens, habille l’un d’eux en aide de camp, revêt lui-même l’habit de général, leur dit que Napoléon est mort le 7 octobre à Moscou, que le Sénat réuni la nuit a voté le rétablissement de la république, et, montrant les faux ordres soigneusement préparés dans sa prison, se rend à la caserne Popincourt où se trouvait la dixième cohorte de la garde nationale, commandée par un ancien officier tiré de la réforme. Ce dernier, avant d’être mis à la tête de cette cohorte, avait servi quelque temps en Espagne, et très honorablement. Il s’appelait Soulier. Le général Malet le fait éveiller, s’introduit auprès de son lit, lui annonce que Napoléon est mort, tué à Moscou d’un coup de feu le 7 octobre, que le Sénat s’est assemblé secrètement, a décidé le rétablissement de la république, a nommé le général Malet commandant de la force publique dans Paris, et feignant de n’être pas le général Malet, mais le général Lamotte, l’un des généraux employés à Paris, dit qu’il vient par ordre supérieur prendre la 10e légion pour la conduire sur divers points de la capitale où il a des missions à remplir.

 

Le commandant Soulier, saisi de cette nouvelle, n’imaginant pas dans sa simplicité qu’on pût l’inventer, la déplore, mais se met en devoir d’obéir. Il se lève, fait assembler la cohorte, lui transmet dans la cour de la caserne la nouvelle apportée par le prétendu général Lamotte, nouvelle accueillie avec surprise, mais sans incrédulité, tant elle paraît à tous naturelle et à quelques-uns agréable, car il y avait dans les cohortes d’anciens officiers républicains rappelés au service, et beaucoup de soldats tirés à leur grand déplaisir de leurs foyers, après avoir satisfait plusieurs fois à toutes les lois de la conscription. Tous obéissent sans un doute, sans une objection. Le général Malet, prétendu général Lamotte, les conduit à la Force avant le jour, mande le chef de la prison, lui montre un ordre d’élargissement pour les généraux Lahorie et Guidal, obtient leur délivrance par suite de la même crédulité, les fait appeler, leur annonce en les embrassant la grande nouvelle, les trompe comme les autres, assiste à leur joie qu’il feint de partager, leur exhibe les décrets du Sénat, et leur trace la conduite qu’ils ont à tenir. Guidal doit aller enlever le ministre de la guerre, Lahorie doit se rendre chez le ministre de la police, le saisir, le transférer à la Conciergerie, tandis que lui, Malet, se transportant à l’état-major de la place, s’emparera du général Hulin. La consigne donnée c’est de faire sauter la cervelle à quiconque refusera d’obtempérer aux ordres du Sénat, que Guidal et Lahorie ne songent même pas à révoquer en doute. Malet, s’était dit avec raison que des complices trompés n’hésiteraient point, et exécuteraient ses instructions avec une bonne foi qui entraînerait tout le monde. Malet se sert de l’un de ses jeunes gens pour envoyer au préfet de la Seine, Frochot, les faux décrets du Sénat, et l’injonction de préparer l’Hôtel de ville, où doit se réunir le gouvernement provisoire. L’autre agent improvisé de Malet court à l’un des régiments de la garnison, avec ordre au colonel de garder par des détachements toutes les barrières de Paris, de manière à ne laisser ni entrer ni sortir personne. Toutes ces choses rapidement convenues, afin de mener à bien cette surprise de Paris endormi, on se rend chez le duc de Rovigo au moment où le jour allait poindre. Le ministre de la police, ayant passé la nuit à expédier des dépêches, avait rigoureusement interdit qu’on l’éveillât. Le général Lahorie, à la tête d’un détachement de la 10e cohorte, pénètre dans son hôtel, enfonce la porte de sa chambre, entre à travers les débris de cette porte, et, le frappe de surprise en apparaissant devant lui. Il avait servi avec le duc de Rovigo, et avait avec lui des relations d’amitié. Rends-toi sans résistance, lui dit-il, car je t’aime et ne veux pas te faire de mal. L’Empereur est mort, l’Empire est aboli, et le Sénat a rétabli la république. Le duc de Rovigo répond à Lahorie qu’il est insensé, qu’une lettre de l’Empereur arrivée dans la soirée dément cette assertion, que la nouvelle est fausse, et qu’il est l’auteur ou le jouet d’une imposture. Lahorie, aussi convaincu que peut l’être le duc de Rovigo, affirme; le duc de Rovigo nie. Lahorie ordonne alors qu’on le saisisse. Le duc de Rovigo cherche à détromper la troupe, mais il est naturel à l’homme qu’on arrête de contester, et sa position suffit pour empêcher qu’on ne le croie. Lahorie, d’après ses instructions, aurait dû brûler la cervelle au duc de Rovigo; il ne le veut, pas, court auprès de Guidal qui était près de là pour se consulter avec lui. Guidal le suit. Tous les deux persistant dans leur crédulité, mais ne voulant pas tuer un ancien camarade, imposent silence au duc de Rovigo, et sans lui faire de mal l’envoient à la Conciergerie, où déjà le préfet de police était transféré par les mêmes moyens. Jusqu’ici tout va bien ; mais l’arrestation du duc de Rovigo a retardé un peu celle du ministre de la guerre, et de son côté le général Malet perd du temps à celle du général Hulin, commandant la place de Paris. S’étant transporté chez lui avec un détachement de la même cohorte, il le surprend au lit, le fait lever, emploie auprès de lui les assertions qui ont déjà eu tant de succès, ne le trouve pas incrédule à la nouvelle de la mort de Napoléon, mais très récalcitrant quand il s’agit du rétablissement de la république par une délibération du Sénat, et en reçoit pour réponse l’invitation de produire ses ordres. Le général Malet, plus fidèle à son plan que ses complices improvisés, répond au général Hulin qu’il va les lui communiquer dans son cabinet, se fait conduire dans ce cabinet, et là renverse le général d’un coup de pistolet tiré à bout portant. Malet sort ensuite, se rend chez le chef d’état-major Doucet, lui répète tout ce qu’il avait dit aux autres, lui annonce de plus sa nomination au grade de général, et l’engage à livrer sur-le-champ le commandement de la place. Soit que l’acte de violence auquel le général Malet venait de se porter eût affaibli sa résolution, soit que le premier doute rencontré dans cette journée l’eût ébranlé, il se montre moins ferme avec ce chef d’état-major. Il hésite, perd du temps, et encourage l’incrédulité qu’il n’accable pas sur-le-champ d’une affirmation absolue ou d’un nouveau coup de pistolet. Un autre officier de la place, nommé Laborde, survient, se rappelle les traits du général Malet, devine tout de suite qu’il s’agit d’une audacieuse conspiration, appelle un officier de police qui justement connaissait Malet, et qui avait contribué à sa translation d’une prison à l’autre. Cet officier de police, certain que le général est un des sujets de son autorité, lui demande pourquoi et comment il a quitté sa prison, l’embarrasse, le déconcerte, et lui fait perdre tout ascendant sur sa troupe. Malet veut alors se servir de ses armes. On se jette sur lui, on lui lie les mains, on le met en arrestation devant sa troupe hésitante et commençant à croire qu’elle a été trompée. II se flatte encore d’être secouru par ses complices, mais au lieu d’eux ce sont des soldats de la garde impériale, qui, prévenus en toute hâte, accourent, débarrassent l’état-major de la place de ses assaillants, et font prisonniers ceux qui étaient venus faire des prisonniers. En une heure le duc de Rovigo est délivré, le préfet de police également, et chacun d’eux a repris possession de son ministère. Ce qui paraîtra plus singulier que tout ce dont on vient de lire le récit, c’est que le préfet de la Seine, arrivant de la campagne à la pointe du jour, surpris de tous côtés par la nouvelle dont l’Hôtel de ville était plein, n’avait pas pu croire qu’elle fût inventée, et s’était mis à aménager les appartements demandés, lentement à la vérité, non pas qu’il doutât, mais parce qu’il avait peu de goût pour le gouvernement républicain qui paraissait devoir succéder à l’Empire. Ce qui n’étonnera pas moins, c’est que le chef du régiment qu’on avait chargé de garder les barrières avait obéi, et avait envoyé des détachements pour s’en emparer. Il était à peine midi que tout était terminé, que les choses étaient remises à leur place, les autorités, un moment surprises, étaient rétablies dans leurs fonctions, et que Paris, apprenant cette rapide succession de scènes, passait de la crainte que lui inspiraient toujours les tentatives de ce qu’on appelait les terroristes, à un immense éclat de rire contre une police détestée, et si aisément prise au dépourvu. Que tout autre ministre eût été enlevé, soit ; mais le ministre de la police lui-même ! c’est ce dont on ne pouvait trop rire, trop s’amuser, trop parler, et la crainte, après avoir précédé le rire, le suivait aussi, car il y avait à faire de bien tristes réflexions sur un pareil état de choses. Tant de crédulité à admettre les ordres les plus étranges, tant d’obéissance à les exécuter, accusaient non pas les hommes, toujours si faciles à tromper, et si prompts à obéir quand ils en ont pris l’habitude, mais le régime sous lequel de telles choses étaient possibles. Sous ce régime de secret, d’obéissance passive et aveugle, où un homme était à lui seul le gouvernement, la constitution, l’État, où cet homme jouait tous les jours le sort de la France et le sien dans de fabuleuses aventures, il était naturel de croire à sa mort, sa mort admise de chercher une sorte d’autorité dans le Sénat, et de continuer à obéir passivement, sans examen, sans contestation, car on n’était plus habitué à concevoir, à souffrir une contradiction. On n’aurait pas surpris par de tels moyens un État libre, parce qu’il y a mille contradicteurs à rencontrer à chaque pas dans un pays où tout homme raisonne et discute ses devoirs. Dans un État despotique, le téméraire qui met la main sur le ressort essentiel du gouvernement, est le maître, et c’est ce qui donne naissance aux conspirations de palais, signe honteux de la caducité des empires voués au despotisme. Il existait pourtant un héritier de Napoléon, et on n’y avait pas même songé ! Il n’y avait donc personne à accuser que le régime existant, mais la police et l’autorité militaire craignant que Napoléon ne s’en prît à l’une ou à l’autre de cette bizarre aventure, voulaient chacune que de l’examen des faits ressortit sa propre justification et la condamnation de sa rivale. La police n’avait pas découvert ce complot, et l’autorité militaire s’y était prêtée avec une facilité qui pouvait passer pour de la connivence. Toutes deux cependant étaient innocentes. La police n’avait pu découvrir ce qui était dans la tête d’un seul homme, et il était naturel que l’autorité militaire inférieure crût une chose aussi croyable que la mort de Napoléon. La première n’était donc pas inepte, ni la seconde infidèle, mais de peur d’être accusé il fallait accuser. D’ailleurs le ministre de la police et le ministre de la guerre ne s’aimaient point. Le duc de Feltre avait tous les dehors du bien, le duc de Rovigo tous les dehors du mal, et chez aucun des deux la réalité ne répondait aux apparences. Le duc de Rovigo chercha la vérité, à la découverte de laquelle il avait grand intérêt, et cette vérité tournait à la décharge de tout le monde, le général Malet excepté. Le duc de Feltre voulut voir partout des complices de Malet, afin que la police parût coupable de ne les avoir pas trouvés, quand ils étaient en si grand nombre. Sous un pareil régime, de telles préoccupations devaient avoir sur le sort des accusés une influence funeste. Le gouvernement, composé des ministres, des grands dignitaires présents à Paris, s’assembla sous la présidence de l’archichancelier Cambacérès, et arrêta ce qu’il y avait à faire. L’archichancelier, avec son art d’adoucir les aspérités, de neutraliser les propositions extrêmes, ce qui est du bon sens, mais ce qui n’est pas toujours de la justice, fit décider la formation d’une commission militaire à laquelle furent déférés plus de vingt prévenus. En réalité il n’y avait qu’un coupable, car outre l’attentat politique que le général Malet avait essayé de commettre, il avait renversé presque mort à ses pieds un homme qui heureusement n’en mourut pas. Mais les généraux Lahorie et Guidal, entrés volontiers sans doute dans son projet, entrés toutefois sur l’articulation d’un fait faux auquel ils avaient cru, d’ordres supposés qu’ils avaient admis, n’étaient des coupables ni devant Dieu ni devant les hommes. C’étaient, à la vérité, des officiers d’un grade élevé, et fort suspects ; ils avaient participé assez longuement à un attentat, soit ; mais si pour eux un doute pouvait naître, pouvait-il y en avoir un seul à l’égard du commandant de la 10ème cohorte, le commandant Soulier brave militaire, qui avait appris la mort de Napoléon avec chagrin, y avait ajouté foi, et avait obéi ? Quant à celui-là, une peine, et une peine telle la mort, était une iniquité ! Pourtant il fut condamné avec treize autres accusés. La police demanda en sa faveur un sursis, qui était nécessaire à la continuation de l’instruction. Ce sursis fut refusé. En cinq jours quatorze malheureux furent arrêtés, et condamnés, et douze exécutés !"

 

 

Un coup d’audace qui renversa quelques instants le Premier Empire par A. THIERS ( Histoire du consulat et de l’empire )

 

 

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20 octobre 2012 6 20 /10 /octobre /2012 23:00

 

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Louis Albert Guislain Bacler d'Albe

né le 21 octobre 1781 , à Saint-Pol (Pas-de-Calais), d’un ancien trésorier du régiment de Toul.

Peintre et ingénieur géographe, il s’occupait de l’étude des arts lorsque la révolution éclata ; il en accepta les principes.

Il s’enrôla et devint bientôt capitaine d’artillerie pendant le siège de Toulon. Bonaparte, durant les campagnes d’Italie, l’attacha à son état-major en qualité de directeur du bureau topographique, puis de chef des ingénieurs-géographes ; il fut chargé, après la paix, de former, de dresser la carte de l’Italie en cinquante-quatre feuilles.

Devenu général de brigade, il fut nommé, en 1815, chef du dépôt général de la guerre ; mais la Restauration lui enleva cette place, et Bacler se retira à Sèvres, où il se livra de nouveau à la culture des arts ; il s’occupa de la lithographie et fit plusieurs publications qui popularisèrent cette précieuse découverte.

Bâcler mourut à Sèvres, le 12 septembre 1824, âgé de 43 ans.

Parmi ses œuvres d’art, on doit citer plusieurs ouvrages lithographiques sur la Suisse, l’Espagne, et surtout deux tableaux, la bataille d’Arcole et la veille d’Austerlitz auxquelles il avait assisté.

Le premier de ces tableaux se voyait à Trianon et le second dans la galerie de Diane à Paris.

Comme cartographe, Bacler d’Albe est au premier rang ; il a publié, dans le Mémorial topographique, plusieurs dissertations sur la gravure des cartes ; il a formé les artistes du dépôt de la guerre qui ont gravé de si admirables cartes. C’est lui qui a fait prévaloir la projection horizontale sur l’ancienne méthode-perspective.

A tant de titres, on doit ajouter le service que Bâcler a rendu à la France, en empêchant les alliés de s’emparer des cuivres de la grande carte de Cassini.

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20 octobre 2012 6 20 /10 /octobre /2012 23:00

 Naissance de Pierre, Charles, François Augereau à Paris

"Depuis longtemps, chez lui, le maréchal n'était plus le soldat; son courage, ses vertus premières l'avaient élevé très haut hors de la foule; les honneurs, les dignités, la fortune l'y avaient replongé. Le vainqueur de Castiglione eût pu laisser un nom cher à la France; mais elle réprouvera la mémoire du défectionnaire de Lyon, ainsi que celle de tous ceux qui en ont agi comme lui à moins qu'ils ne réparent les torts faits à la patrie par de nouveaux services rendus à la patrie". Jugement sévère s'il en est, de la part de Napoléon à Sainte-Hélène, confirmé également par Jean Tulard ("le défectionnaire de Lyon fit oublier le vainqueur de Castiglione"). Et pourtant ce fils d'un domestique et d'une fruitière, engagé à 17 ans, accompagnera l'Empereur dans toute l'Europe sous les drapeaux Français et sera de nombreuses batailles. Après avoir servi dans l'armée prussienne et combattu Turcs et Autrichiens, il s'établit maître d'escrime à Naples. Sous la Révolution, il devient successivement garde national, volontaire, capitaine de hussards, lieutenant colonel en Vendée, puis général de division à l'armée des Pyrénées orientales. Passé à l'armée d'Italie sous le commandement du Général Bonaparte, il fait la campagne d'Italie et se distingue à Montenotte, Millesimo, Lodi, Peschiera, Brescia. Mais c'est surtout le 3 août 1796 qu'il s'illustre à Castiglione où son intervention renverse le sort de la bataille. Son rôle à Arcole lui vaut d'amener au Directoire les drapeaux pris à l'ennemi.  A la demande du Directoire et sur désignation de Bonaparte, il prend le commandement de la division militaire de Paris et participe au coup d'État du 18 Fructidor. Général en chef de l'armée de Sambre-et-Meuse et de Rhin-et-Moselle, puis commandant militaire à Perpignan, il se fait élire député de la Haute-Garonne au conseil des Cinq-Cents. Trés critique à l'égard de Bonaparte pour son coup d'État de Brumaire, il se rallie pourtant au Consulat et exerce divers commandements en Hollande. Il est fait Maréchal d'Empire le 19 mai 1804, reçoit le commandement du 7ème corps de la Grande Armée du 30 août 1805 au 14 février 1807; Il est blessé à Eylau (malade, il se fait attacher sur son cheval au début de la bataille) et rentre en France. Le 19 mars 1808, l'Empereur le fait duc de Castiglione. Il sert ensuite en Espagne, à l'armée de Catalogne à partir de février 1810. Rappelé en France, il est chargé, le 4 juillet 1812, du 11ème corps de la Grande Armée en Allemagne. Il combat à Leipzig, regagne les faveurs de Napoléon et rentre en France. En 1814, lil se voit confier le corps d’armée en poste à  Lyon, avec l'ordre de couper les lignes de communications de l'ennemi. Mais Augereau transige et refuse le combat, son ardeur au combat n'est plus celle de la campagne d'Italie. Le 16 avril 1814, il va même jusqu'à lancer une proclamation où il encourage ses hommes à adopter la cocarde blanche des Bourbons et dénonce Napoléon comme un tyran. Nommé par la Restauration gouverneur de la 19ème division militaire à Lyon, puis de la 14ème à Caen, lors des Cent-Jours, l’Empereur le raye de la liste des maréchaux: c'est un "traître à la France".  Mis en disponibilité en décembre 1815, Augereau se retire dans sa propriété, où il meurt peu après d’une maladie de poitrine, sans laisser d’enfants. Son corps est inhumé au Cimetière du Père-Lachaise à Paris.

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20 octobre 2012 6 20 /10 /octobre /2012 23:00

21 octobre 1798 (30 vendémiaire an VII)

Soulèvement du Caire

La révolte du Caire est un épisode tragique de l’expédition d’Egypte menée par le jeune Général Bonaparte. Elle opposa les troupes Françaises aux Égyptiens et se déroula le 21 octobre 1798. On se rappellera que le Directoire souhaitait éloigner ce militaire très (trop) populaire qui pouvait satisfaire ainsi sa soif d’aventures et, accessoirement, couper la route aux Anglais vers l’Asie. L’Egypte des mamelouks était en déclin, les victoires semblaient à portée du corps expéditionnaire Français. Le 19 mai 1798, Bonaparte quitta donc Toulon avec plus de 50.000 hommes, et de nombreux savants et artistes dans ses bagages. La victoire des Pyramides ouvrit les portes du Caire aux Français, qui essuyèrent peu après la célèbre et désastreuse défaite maritime d'Aboukir, oeuvre de l’amiral Nelson. Leur flotte anéantie, les Français furent contraints de rester bon gré mal gré en Egypte. Prise par les Français le 5 thermidor an VI, Bonaparte établit au Caire le siège du gouvernement républicain. Il organisa le pays et créa un conseil formé d’ulémas et de notables qui tenta de mieux répartir l’impôt foncier en exigeant des titres de propriété. Ces dispositions, si étrangères aux usages, provoquèrent le 21 octobre 1798 (30 vendémiaire) le soulèvement populaire des habitants de la ville, sous le prétexte qu’ils étaient trop imposés. Ayant perdu plus de 800 soldats, dont le Général Dupuy ainsi que son aide de camp Joseph Sulkowski, Bonaparte répondit le lendemain avec férocité: Les insurgés y furent littéralement chatiés et vaincus après avoir perdu 5 à 6.000 hommes.

 

 

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19 octobre 2012 5 19 /10 /octobre /2012 23:00

Naissance de Pauline Bonaparte

Nous fêtons aujourd'hui l'anniversaire de la naissance de Pauline Bonaparte, née Maria-Paoletta, la seconde fille de Charles Bonaparte et de Laetizia Ramolino et la sœur préférée de Napoléon. Sa beauté remarquable lui vaut de nombreux prétendants dès son plus jeune age, comme par exemple le commissaire extraordinaire du Directoire Stanislas Fréron, le général Duphot ou Junot. Mais c’est au général Leclerc que son frère Napoléon décide de la marier en 1797. Lorsque Leclerc est nommé commandant en chef de l’expédition de Saint-Domingue en octobre 1801, son épouse et leur fils Dermide (né en 1798) sont du voyage. Du fait des absences fréquentes de son mari, Pauline a de nombreuses aventures. Quoiqu' infidèle, elle s'occupe néanmoins avec courage de son mari, qui avait contracté la fièvre jaune et lorsqu'il meurt le 1er novembre 1802, Pauline est profondément affectée par sa mort. La sœur du Premier Consul se remarie en Novembre 1803 avec Camille Borghèse, un prince romain possédant un riche palais, de vastes domaines et ...une rente conséquente. Mais Pauline se lasse vite de Rome et s'en vient habiter le château de Neuilly, où elle tient une cour, tandis que le Prince Camille Borghèse part pour l'armée dans la Garde consulaire puis dans l'armée impériale. Ses aventures extraconjugales sont nombreuses et le couple va vivre séparé la plus grande partie de son existence. D’abord flatteuse, l’alliance du Prince Borghèse avec la famille Bonaparte s’avère infructueuse. Camille est nommé gouverneur général des départements au-delà des Alpes, avec Turin pour siège du gouvernement (Palazzo Chiablese), dans l’espoir notamment de voir Pauline lui revenir. Mais Pauline déteste Turin et le rapprochement ne se fera qu’après la chute de l’Empire, après que la sœur de Napoléon ait dû abandonner l’espoir d'accompagner l'Empereur dans son exil. Napoléon devenu roi d'Italie, en 1806, Pauline est élevée au rang de duchesse de Guastalla. Elle s'installe au Petit Trianon de Versailles et mène grand train. La relation de Pauline et de son frère Napoléon est marquée du sceau de la fidélité et de la bienveillance, les détracteurs de l'Empereur allant jusqu'à colporter des rumeurs d'inceste. Elle jouit sans réserve du pouvoir que son extrême beauté et son charme lui permettent d’exercer sur les hommes, et ne renonce pas aux aventures amoureuses malgré les remontrances de Napoléon. Madame Mère exceptée, elle est la seule, à partager l’adversité de l’Empereur au moment de sa chute, quand les napoléonides s’accrochent à leur trône et elle est aussi la seule à lui rendre visite durant son exil sur l'île d'Elbe. Elle ira jusqu'à utiliser ses propres diamants pour aider financièrement Napoléon. Elle sera aussi la seule à souhaiter l'accompagner à Sainte-Hélène. En vain, c'est à Florence, aux côtés de son mari avec lequel elle s’est entretemps réconciliée, qu’elle meurt le 9 juin 1825. Son cercueil est transporté à Rome et repose aujourd'hui dans la chapelle Borghèse à Sainte-Marie Majeure de Rome.

 

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19 octobre 2012 5 19 /10 /octobre /2012 23:00
Napoléon: "je fais sauter le Kremlin"
Olivier Lascar
Par 
Sciences et Avenir

Une lettre codée, signée de la main de l'empereur Napoléon Bonaparte et datée du 20 octobre 1812 (en pleine campagne de Russie) sera mise en vente le 2 décembre 2012.

Mise à prix à partir de 10.000 euros.

Une lettre de Napoléon 1er datée du 20 octobre 1812 AFP Photo/ Kenzo Tribouillard

Une lettre de Napoléon 1er datée du 20 octobre 1812 AFP Photo/ Kenzo Tribouillard

 


NAPOLÉON DYNAMITE.

 

 C'est la journée des impulsifs. Sciences et Avenir vous parlait il y a peu de la tentative ratée de Guy Fawkes pour faire sauter le palais de Westminster.

 

Voilà maintenant la lettre codée par laquelle Napoléon 1er ordonnait la destruction du Kremlin !

 

La missive sera mise aux enchères le 2 décembre 2012 par la maison Osenat à Fontainebleau, près de Paris.

En souvenir de la campagne de Russie, une lettre du 20 octobre 1812...

"Je fais sauter le Kremlin le 22 à trois heures du matin"

 

L'ordre est signé Nap, de la main de l'empereur.

 

La missive est datée du 20 octobre 1812, en pleine campagne de Russie...


Le 14 septembre 1812, Napoléon 1er était entré dans un Moscou désert.

 

"Seuls restaient les plus pauvres, chargés plus tard de mettre le feu", explique Jean-Christophe Chataignier, responsable du département Empire de la maison de ventes Osenat.

 

"Napoléon attendait la capitulation du tsar Alexandre 1er mais les Russes se sont dérobés et rien n'est venu"


De nombreux incendies éclatent dans cette ville construite en grande partie en bois, gênant l'armée française.

 

Napoléon finit par donner l'ordre à ses troupes de quitter la ville et de se replier au sud.

 

Le lendemain, il écrit la fameuse missive codée.


RECONSTRUCTION. L'empereur y informe son ministre des Relations extérieures Hugues-Bernard Maret de sa décision de détruire le Kremlin. "L'ordre sera exécuté par le maréchal Mortier qui fera sauter les tours du Kremlin, à la fois palais impérial et forteresse militaire", indique Alain Nicolas, l'expert pour cette vente. Les tours seront rapidement reconstruites à l'identique.

Bref, c'est un document exceptionnel qui sera mise en vente le 2 décembre prochaine.

 

Pour se l'offrir, les "napoléonophiles" devront débourser entre 10.000 et 15.000 euros. Hors frais !

 

OL avec AFP
Sciences et Avenir
06/11/12

 

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1er Consul

2 août 1802 jusqu'au 18 mai 1804

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Napoléon Ier

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18 mai 1804 au 6 avril 1814 et du 20 mars 1815 au 22 juin 1815

napoleon1er

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