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16 octobre 2012 2 16 /10 /octobre /2012 23:00

Jean Baptiste Dommanget

 

né le 17 octobre 1769 à Possesse (Marne)

 

clerc de notaire lorsque la Révolution éclata.

 

Mû par le sentiment d’un patriotisme qui ne s’est pas démenti un seul instant pendant sa longue et honorable carrière, il s’enrôla, comme soldat, le 11 mai 1791, dans le 23e régiment de cavalerie, fit la campagne de 1792, en Champagne, et celle de 1793 à l’armée de Sambre-et-Meuse.

 

 

 

Brigadier-fourrier le 1er avril de cette dernière année, il devint adjoint aux adjudants-généraux le 1er nivôse an II, et fut promu au grade de lieutenant de cavalerie le 14 messidor suivant. En quittant l’armée de Sambre-et-Meuse, Dommanget devait être placé en qualité d’adjoint auprès de l’adjudant-général Cottin, mais cet officier supérieur, affaibli par l’âge, n’était plus en état de faire la guerre ; aussi le jeune lieutenant chercha-t-il un emploi qui lui offrît quelques chances de danger et de gloire. Le général Durand, qui commandait une brigade de la division Garnier à l’armée d’Italie, et qui connaissait la bravoure et la capacité de Dommanget, s’empressa de l’appeler auprès de lui en qualité d’aide-de-camp ; mais il ne remplit ces fonctions que pendant deux mois : un événement funeste priva la France des services du brave général Durand. La cause de sa mort et les circonstances qui l’accompagnèrent sont empreintes d’une telle fatalité que ce fait doit trouver place dans cette notice. Le 22 fructidor an II, l’ennemi devait attaquer la brigade Durand au col de Frememorte. Dès le matin, Dommanget avait été envoyé en reconnaissance pour observer les mouvements de l’ennemi. Il vint rendre compte à son général que les Autrichiens ne bougeaient pas et que tout était tranquille. Vers trois heures de l’après-midi survint un orage des plus violents ; le lieutenant Dommanget était couché entre le général Durand et le capitaine Bodard, de la 84e demi-brigade, sous une tente adossée à un mur de rocaille ; la foudre touche sur ce mur qui s’écroule et ensevelit la tente sous ses ruines. Dommanget en fut quitte pour quelques contusions, mais, lorsqu’on retira des débris le général Durand et le capitaine Bodard, ils étaient morts. Après cette déplorable catastrophe, Dommanget servit pendant quelque temps à l’état-major de la division Garnier.

 

 

 

Confirmé dans son grade de lieutenant le 4 pluviôse an III, et attaché en cette qualité, le 11 vendémiaire an IV, au 15ème régiment de chasseurs à cheval, il fut employé comme adjoint auprès de l’adjudant-général Dalons le 20 floréal suivant.

 

 

 

Depuis 1793 jusqu’en l’an VI, il fit avec distinction les guerres d’Italie.

 

 

 

Nommé capitaine-adjoint le 11 vendémiaire an V, il passa avec son grade à la suite du 5ème régiment de dragons le 4 prairial, et y devint capitaine titulaire le 13 thermidor de la même année. Il servit en l’an VII contre les insurgés de la Belgique.

 

 

 

Nommé chef d’escadron au même régiment le 13 pluviôse an VIII, le premier Consul le désigna pour faire partie de l’armée de réserve avec 500 dragons lors du passage du Saint-Bernard. A son arrivée à Milan, il alla rejoindre à Lodi la division Duhesme, dont il forma depuis l’avant-garde. Cette division s’étant approchée de Crémone, Dommanget rencontra à peu de distance de la ville un bataillon autrichien établi sur la route, et qui voulut opposer quelque résistance ; chargé vigoureusement par les braves dragons du 5e, il fut culbuté, sabré et fait prisonnier. La légion de Bussy, qui était en réserve, attendit la charge des Français et la soutint assez bien ; mais, enfin, rompue et sabrée, le commandant Dommanget la mena battant pendant plus d’une lieue au-delà de Crémone, sur la route de Mantoue. Pour cette brillante affaire, le 5e dragons reçut quatre sabres d’honneur ; Le lendemain de la prise de Crémone, le général Duhesme rejoignit le gros de l’armée avec sa division, et laissa le commandant Dommanget dans la place, afin d’observer, d’éclairer les routes de Mantoue et de Brescia, et de couvrir le blocus de Pizzighitone. A la fin de la campagne, le 5e de dragons rentra en France, et, au mois de floréal an IX, il fit partie de l’armée de la Gironde. Cette armée auxiliaire des Espagnols fut portée sur les frontières du Portugal depuis Ciudad-Rodrigo jusqu’à Alcantara sur le Tage.

 

 

 

Au mois de nivôse an X, le régiment rentra en France et alla tenir garnison à Joigny, où il resta jusqu’à la réunion du camp de Compiègne, au mois de vendémiaire an XII.

 

 

 

Major du 8e régiment de dragons le 6 brumaire, et membre de la Légion-d ’Honneur le 4 germinal suivant, Dommanget ne voulut point rester au dépôt lorsque les troupes de l’armée des côtes de l’Océan se portèrent sur le Rhin. Il demanda au ministre de la guerre d’aller commander les escadrons de guerre de dragons montés, puisque le colonel était aux dragons à pied de la division Baraguay-d’Hilliers. Le ministre fit quelques difficultés ; Dommanget lui offrit alors de déposer ses épaulettes de major et de reprendre celles de chef d’escadron pour aller rejoindre l’armée. « Retournez à votre dépôt à Chantilly, lui répondit le ministre, vous y recevrez mes ordres. »

 

 

 

Vingt-quatre heures après, Dommanget était en route. Il ne put atteindre la grande armée qu’au-delà de Munich, le 8 brumaire an XIV. Le 8° régiment de dragons appartenait à la division Beaumont. Le jour de son arrivée au corps, le major Dommanget, faisant tête de colonne de la division, rencontra à quelque distance de Munich un bataillon de l’arrière-garde ennemie, posté sur la lisière d’un bois, pour arrêter le mouvement de la division française. Le major Dommanget le chargea aussitôt ; en moins de dix minutes, il l’enfonça et lui fit mettre bas les armes. Au-delà du bois se trouvait un régiment de hussards autrichiens, il le culbuta et le mena battant jusque dans les rues de Bied. Sa belle conduite dans cette journée et à l’affaire de Lambach, qui eut lieu le lendemain, fut citée dans les bulletins de l’armée.

 

 

 

A la bataille d’Austerlitz, le 8e régiment de dragons chargea sur l’artillerie russe, qui était fortement défendue, et, en se repliant, il se jeta, sur un corps d’infanterie ennemie, le sabra, lui fit poser les armes, et prit le général russe Langeron, que le major fit conduire à l’Empereur. Pendant tout le reste de cette campagne et la suivante, Dommanget donna de nouvelles preuves de son courage, et, le 20 septembre 1806, il obtint le grade de colonel et le commandement du 10e régiment de dragons. Le 27 octobre suivant, il chargea, avec une grande résolution, près du village de Wickmansdorff, les dragons de la reine de Prusse, qui, avant de partir pour léna, étaient venus, par fanfaronnade, aiguiser leurs sabres sous les croisées de l’ambassadeur français. Il les rompit, passa le défilé pêle-mêle avec eux, et quoiqu’il n’eût sous ses ordres que trois cents chevaux, il obligea ce régiment, fort de 550 hommes à déposer les armes. Au moment où le 10e de dragons ramenait les prisonniers, parmi lesquels se trouvait le général major de Zastro, le prince Murât arrivait avec la division Beaumont. Le régiment fut accueilli par les cris de Vive le 10e ! et le prince félicita le colonel sur la prise qu’il venait de faire.

 

 

 

Après avoir assisté aux combats Je Prentzlau, de Lubeck, de Hoff, etc., cet officier supérieur se trouva à la bataille d’Eylau, où il eut un cheval tué sous lui. Il combattit à Friedland avec sa valeur habituelle, et, démonté, foulé aux pieds des chevaux, criblé de coups de sabre sur la tête, il eût infailliblement péri, si ses dragons ne fussent venus le retirer des mains des hussards ennemis. Il reçut à cette occasion, le 11 juillet 1807, la croix d’officier de la Légion d’Honneur des mains de l’Empereur, qui accorda vingt-huit décorations à son régiment.

 

 

 

Créé baron de l’Empire le 19 mars 1808, avec dotation, il fit les campagnes de 1808 à 1811 en Espagne et en Portugal, et se signala surtout au combat d’Alba de Tormès le 28 novembre 1809. Le 12 janvier 1811, pendant la retraite du général portugais Silveyra, l’avant-garde du général Claparède, commandée par le colonel Dommanget, chargea l’arrière-garde portugaise près de Mondin, la culbuta et la rejeta au-delà de la Coura. A la bataille de Fuentes de Onora, il eut un cheval blessé sous lui, et le général Montbrun, commandant la division de dragons, le proposa pour le grade de général de brigade, que l’Empereur lui accorda par décret impérial du 6 août 1811.

 

 

 

Rentré en France à la fin du mois de novembre suivant, et appelé, le 13 mars 1812. au commandement de la 3e brigade de cavalerie légère du 3e corps de la réserve de cavalerie, composée des 1er et 2e régiments de chevau-légers bavarois et du régiment de chevau-légers du prince Albert de Saxe. Il fit la campagne de Russie. Il eut une affaire d’avant-garde assez brillante au-delà de Minsk, et une autre à Babinowisk, entre Orscha et Wilepsk. Le 16 août, sous Smolensk, il sabra et culbuta un corps de cavalerie régulière russe. Le 27, l’ennemi ayant été forcé d’abandonner Wiasma, il attaqua son arrière-garde, qui se sauva dans les bois. Le 7 septembre, à la Moskowa, il chargea avec une rare intrépidité une masse énorme de cavalerie russe en avant de la grande redoute. Dans la mêlée, où il fit des prodiges de valeur, le général Domanget fut atteint d’un coup de sabre sur la tête et d’un autre coup qui lui ouvrit la joue droite dans une largeur d’environ trois pouces, et lui abattit presque entièrement la lèvre supérieure. Cette blessure, quoique très-grave, ne l’empêcha pas de suivre la grande armée jusqu’à Moscou, d’où il se retira avec elle. Ses services pendant cette campagne furent récompensés par la croix de commandeur de la Légion-d’Honneur, le 28 mars 1813.

 

 

 

A peine rétabli de ses blessures, l’Empereur lui confia le commandement d’une brigade de cavalerie légère, composée de régiments de marche. Au-delà de l’Elbe, l’Empereur passa en revue cette brigade, et donna au général Dommanget la décoration de chevalier de la Couronne de fer, le 15 mai : « Vous étiez de la vieille armée d’Italie, lui dit-il, cette croix vous est bien due. »

 

 

 

Après la bataille de Wurlschen, Dommanget envoya ses escadrons de marche rejoindre les régiments auxquels ils appartenaient, et alla prendre le commandement de la 2e brigade (2e lanciers, 11ème et 12ème chasseurs) de la division Roussel-d’Husbal, du 2e corps de réserve de cavalerie. Le 16 juillet suivant, le roi de Saxe lui adressa la croix de commandeur de l’ordre de Saint-Henri, avec une lettre autographe, par laquelle ce monarque le remerciait des soins qu’il avait pris de son régiment de chevau-légers du prince Albert pendant la campagne de Russie. Le 10 août de la même année, le roi de Bavière le nomma commandeur de l’ordre du Mérite militaire de Maximilien-Joseph. Le 26, le général Roussel-d’Husbal ayant été grièvement blessé à la tête, le général Dommanget prit le commandement de la division. Le 12 octobre, vers Zerbst, entre Dessau et Postdam, il rencontra quelque infanterie qui fut culbutée, et ensuite les équipages de l’armée suédoise, qui avaient passé l’Elbe à Dessau. Les troupes qui gardaient ces équipages furent sabrées et mises en fuite, et les bagages, caissons, voilures, etc., furent immédiatement détruits. Le général Dommanget était à l’extrême gauche de l’armée, lorsque, le 16 octobre, au combat près de Leipzig, il dégagea le 9° régiment de chasseurs à cheval, un bataillon de vélites toscans et 3 pièces de canons qui observaient et défendaient un passage de rivière à trois lieues à gauche et en avant, mais qui, débordés par des forces beaucoup trop considérables, allaient tomber au pouvoir de l’ennemi. Le 30, il prit une part très active au combat de Hanau, et exécuta plusieurs charges, couronnées d’un plein succès.

 

 

 

Pendant la retraite, se portant tantôt à gauche, tantôt à droite pour protéger les flancs de l’armée, il repoussa constamment les tentatives de l’ennemi, et après avoir repassé le Rhin à Mayence, il fut placé à Andernach pour observer et garder la rive gauche avec sa brigade.

 

 

 

Le général Dommanget soutint sa brillante réputation pendant la campagne de France. Le 3 février 1814, au combat de la Chaussée, il soutint les efforts, de l’ennemi, et donna le temps au corps d’armée d’opérer sa retraite. Le 1-4, au combat de Vauchamps, il détruisit complètement un carré russe, qui s’était formé au bord de la roule, près du bois d’Eloges. Le 2e lanciers et le 11ème chasseurs s’y couvrirent de gloire. Après cette brillante affaire, la voix publique lui décernait le grade de général de division, mais il se vit préférer, sur la désignation du général commandant le corps de cavalerie, un ancien aide-de-camp de Bernadotte, qui ne possédait pas les mêmes titres que lui. Ce passe-droit fit un mauvais effet dans sa brigade, qui avait su apprécier depuis longtemps les droits de son général à un avancement bien mérité. Dirigé sur différents points par des marches rapides le général Dommanget trouva l’occasion de se distinguer encore, notamment aux combats de Bar-sur-Aube, de Villenave, etc.

 

 

 

Le 30 mars, au matin, l’Empereur quitta Troyes pour revenir sur Paris ; Le général Dommanget reçut l’ordre de former l’avant-garde de l’escorte de l’Empereur, et il l’accompagna jusqu’à Sens. L’abdication de Fontainebleau fit cesser les services du général Dommanget. Cependant Louis XVIII le nomma chevalier de Saint-Louis, le 31 juillet 1814, et le mit en non-activité en septembre. Au retour de Napoléon, le 20 mars 1815, il se porta à sa rencontre et l’escorta depuis la Cour-de-France jusqu’à Paris. Dès le 21, Dommanget reçut l’ordre de partir de Paris à la tête des 1er et 5e de lanciers et 12ème de chasseurs, pour aller prendre position aux environs de Landrecies et de Maubeuge. Vers la fin de mai, il prit le commandement d’une autre brigade-, composée des 4ème et 9ème chasseurs, à la tête desquels il se signala de nouveau à Ligny, à Fleurus et à mont Saint-Jean.

 

 

 

Après les déplorables résultats de cette campagne, le licenciement de l’armée vint mettre un terme à la carrière militaire de ce brave officier général. Rentré dans ses foyers au mois d’août, on le mit en non-activité et on le soumit à la surveillance de l’ombrageuse police de cette malheureuse époque. On avait trouvé trois lettres de lui dans le portefeuille de l’Empereur, tombé au pouvoir des ennemis.

 

 

 

En 1817 le général Dommanget se vit plus particulièrement en butte aux tracasseries du pouvoir, et comme son nom avait été écrit dans quelques lettres saisies lors de la conspiration de Lyon, et qu’on trouva dans ses papiers une lettre d’invitation à dîner de madame de Lavalette, on vit là des motifs suffisants pour le mettre en état d’arrestation. Conduit le 11 juillet à la prison de la Préfecture de police, il resta au secret pendant trente-cinq jours. Après plusieurs interrogatoires par-devant le grand prévôt du département de la Seine, assisté de M. Reverdin, juge au tribunal du même département, on le transféra à la Force avec ses compagnons de captivité, le général Jullienne de Rellair et M. Antoine Chedelle, négociant de Lyon. Les charges n’ayant pas paru suffisantes pour le renvoyer avec ses coaccusés devant la cour prévôtale de Lyon, on les autorisa à se retirer sur parole dans la maison de santé de Cartier, faubourg Poissonnière. Enfin, au mois d’octobre suivant, le général Dommanget obtint sa liberté, mais il n’en demeura pas moins l’objet de l’attention active de la police. Frappé avec 150 autres officiers généraux par l’ordonnance de décembre 1824, il fut mis à la retraite à compter du 1er janvier 1825, après plus de trente-trois ans de bons services, vingt campagnes et de nombreuses blessures.

 

 

 

Lors de la révolution de Juillet, le nouveau gouvernement le plaça, le 22 mars 1831, dans le cadre de réserve, et l’admit de nouveau à la retraite, le 1er mai 1832.

 

 

 

Son nom est inscrit sur le côté Nord de l’arc de triomphe de l’Étoile.

 

 

 

Le général Dommanget est mort à Paris, le 10 février 1848, entouré de l’estime et de la vénération de tous ceux qui l’ont connu ; et si, comme tant d’autres, il n’a pu léguer une grande fortune à ses enfants, il leur a laissé du moins quelque chose de plus précieux : un nom sans tache et de nobles souvenirs.

 

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