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3 novembre 2012 6 03 /11 /novembre /2012 00:00

  Napoléon rejoint son régiment à Valence, où il est affecté à la compagnie de bombardiers du capitaine Masson d'Autume

 

Ses appointements sont de 1120 livres par an, charge à lui de se loger, se nourrir et subvenir à tous ses besoins.

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2 novembre 2012 5 02 /11 /novembre /2012 00:00

Réorganisation du Cadastre

L'Empereur joua un rôle déterminant dans l'histoire de la cartographie française. C'est lui qui a donné l'impulsion initiale et nécessaire à deux grandes entreprises d'envergure nationale, à savoir la confection d'un cadastre parcellaire et celle de la Carte d'Etat-Major. Il aura fallu attendre le 2 novembre 1802 et la création du "cadastre-type", embryon du cadastre, tel que la France le connait aujourd'hui, unique et centralisé, daté du 15 septembre 1807. Auparavant, jusqu'à la révolution de 1789, il y avait en France un cadastre essentiellement local. Sous le règne de Charles VII, Louis XIV, Louis XV, un nouveau projet de cadastre devait voir le jour avec pour objectif de définir une meilleure base de système fiscal, plus cohérente et régulière. Mais la pénurie des finances, le défaut d'instruments et de méthodes perfectionnées, la résistance des grands propriétaires, et le manque d'unité nationale firent échouer ces diverses tentatives de réorganisation. Avec cette réforme, Napoléon entendait préciser la connaissance précise des propriétés foncières en vue d'une meilleure répartition de l'impôt. L'unification et la centralisation du cadastre devait permettre une connaissance plus complète du territoire national dans ses 3 dimensions, avec toutes les routes et tous les chemins que l'armée en mouvement pouvait suivre. En effet, les guerres de la Révolution et de l'Empire ont donné aux cartes un rôle primordial, à tel point que les documents cartographiques étaient de véritables trésors de guerre qu'il fallait à tout prix protéger contre la convoitise des armées ennemies. On retrouve dans ces deux grandes réalisations l'origine des deux grands producteurs français de données géographiques que sont le Service du Cadastre (site internet: http://www.cadastre.gouv.fr), rattachée au Ministère des Finances, et l'Institut Géographique National site internet http://www.ign.fr) rattachée au Ministère de l'Equipement.

 

 

 

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2 novembre 2012 5 02 /11 /novembre /2012 00:00

2 novembre 1802 (11 brumaire an XI)

Mort du Général Leclerc à Saint-Domingue

"Citoyen ministre, la nuit du 10 au 11 brumaire a vu terminer les jours du général en chef Leclerc, capitaine général de la colonie de Saint-Domingue. L’armée a perdu en lui un père dont toute la sollicitude n’était que pour son bonheur et sa gloire, et la colonie un administrateur dont toute l’ambition était son entière prospérité. L’armée porte le deuil de la mort de son général, et Saint-Domingue regrettera à jamais celui qui voulait lui assurer le bonheur et la tranquillité."

Dépêche au ministre de la marine rédigée par Norvins (futur historien de Napoléon), qui servait alors comme secrétaire général.

 

 

Dans la nuit du 1er au 2 novembre 1802, le Général Leclerc expire. Neuf mois se sont écoulés depuis son arrivée sur l'île. Un destin brisé à trente ans pour ce Général Français de la révolution, époux de Pauline, la soeur de Napoléon Bonaparte.

 

 

C'est au siège de Toulon que Leclerc se lie avec Napoléon. Il se distingue par la suite aux armées des Alpes et d'Italie et devient, dés 1797, général de brigade. Le 14 juin 1797, leclerc épouse Pauline Bonaparte dont il aura un fils, Dermide (qui décèdera en 1804). C'est à Leclerc que revient la charge d'annoncer au Directoire la signature des préliminaires de paix de Leoben. Par la suite, il devient chef d'état-major des généraux Berthier et Brune, et passe général de division à l'armée du Rhin sous les ordres de Moreau. Au coup d'État du 18 Brumaire, Leclerc soutient son beau-frère et fait envahir la salle du Conseil des Cinq-Cents par les Grenadiers, appuyé par Murat. Le 24 Octobre 1801, Leclerc est nommé général en chef de l'expédition de Saint-Domingue pour rétablir l'ordre dans cette colonie qui s'était transformée en un état pratiquement autonome sous la gouverne de Toussaint Louverture. Début février 1802, les émeutes éclatent. C'est le début d'une guerre d'usure, sanglante, qui fera des centaines de victimes. Leclerc lance une puissante offensive qui anéantit les troupes de Toussaint-Louverture, comme au siège de la Crête à Pierrot en mars 1802. Les généraux de Toussaint-Louverture cessent le combat les uns après les autres. Toussaint est contraint à négocier sa soumission. Le 7 juin 1802, il est arrêté pour etre emprisonné au Fort de Joux près de Besançon en août 1802. Leclerc s'efforce de réorganiser la colonie. Mais il se heurte à d'énormes difficultés: pénurie d'argent et de matériel, incurie et corruption des administrateurs locaux, conditions sanitaires déplorables. La guerilla se poursuit et prend de l'ampleur à l'annonce du rétablissement de l'esclavage en août 1802. A cette époque, les troupes de Leclerc souffrent du manque de moyens et se trouvent décimées par la fièvre jaune. Face à une insurrection générale lancée en septembre par les généraux noirs, Leclerc avec les quelques milliers de soldats qui lui restent, arrive à sauver Le Cap. Mais il meurt le 2 novembre, fauché à son tour par la fièvre jaune. Sa dépouille mortelle sera ramenée par sa femme Pauline qui l'avait suivi à Saint-Domingue, et inhumée, le 18 ventôse an XI (9 mars 1803), dans le parc du château à Montgobert. Le nom de Leclerc figure au côté Ouest de l'Arc de Triomphe de l'Etoile. "Le capitaine général Leclerc était un officier de premier mérite, propre à la fois au travail du cabinet et aux manoeuvres du champ de bataille. Il avait fait les campagnes de 1796 et 1797, comme adjudant-général auprès de Napoléon ; celle de 1799 sous Moreau, comme général de division. Il commandait au combat de Freisingen, où il battit l’archiduc Ferdinand ; il conduisit en Espagne un corps d’observation de 20.000 hommes, destiné à agir contre le Portugal ; enfin dans cette expédition de Saint-Domingue, il déploya du talent et de l’activité ; en moins de trois mois, il battit et soumit cette armée noire qui s’était illustrée par la défaite d’une armée anglaise." dira de lui l'Empereur, dans le Mémorial de Sainte-Hélène.

 

 

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1 novembre 2012 4 01 /11 /novembre /2012 00:00

Louis-Joseph de Gau de Frégeville

Le Général Charles de Frégeville est né au château de Grandval, à Paulin, aujourd'hui dans la commune de Teillet (Tarn). Issu d'une ancienne famille noble castraise d'origine protestante, son père, Jean de Frégeville, seigneur de Grandval et de Plegades, officier de cavalerie, finit sa carrière comme lieutenant-général de Louis XV et son demi-frère aîné Henri finira, lui aussi sa carrière comme général de division. Suzanne Périé, fille de Pierre Périé, négociant à Bédarieux, et Magdeleine-Suzanne de Lavit était devenue en 1753, à Paris, la seconde épouse de son père. Un de ses frères, Pierre, né le 27 septembre 1759, venant d'être nommé cadet au régiment de Condé-Dragons, y périt vers 1777. Charles de Frégeville, âgé d'à peine 12 ans, lui fut substitué et joignit son régiment sur les côtes de Bretagne. Le jeune soldat fit le service dans les grades subalternes pendant deux ans, et fut nommé sous-lieutenant le 11 juillet 1779.

 

En 1781, il acheta une compagnie et fut créé capitaine au régiment des Dragons-Condé. Il employa dès lors une partie de ses semestres à voyager en Prusse et en Allemagne; il apprit la langue de ces pays et étudia principalement la stratégie de leurs armées. De retour enFrance, il se mit, le 17 mai 1790, à la tête de la garde nationale à cheval de Montpellier pour réprimer des troubles à Nîmes et àBeaucaire.

Nommé, en 1785, capitaine de remplacement, c’est-à-dire sans traitement, il fut nommé en 1792 (20 janvier), capitaine au 3e régiment dechasseurs à cheval, et le 20 avril suivant, lieutenant-colonel du 2e régiment de hussards, Charles de Frégeville fit la campagne suivante sous les ordres de La Fayette et y commença sa réputation.

 

Le colonel baron de Malzen et le premier lieutenant-colonel Hock, tous deux hostiles aux idées nouvelles, avaient résolu de passer à l'ennemi avec tout le régiment qui se trouvait alors sur la frontière des Ardennes. Lafayette étant absent, on avait éloigné Frégeville comme patriote, mais celui-ci, averti à temps, accourut et fit tant que le régiment, un instant ébranlé, refusa de partir et de suivre au camp autrichien son colonel, le lieutenant-colonel en premier et huit officiers qui émigrèrent seuls. En récompense, Charles de Frégeville fut nommé colonel de ce même régiment. Il ne tarda pas à se signaler par sa conduite : ainsi, sous Dumouriez, lors de la retraite de Grand-Pré, il conduisit ses hussards en habile capitaine et se battit en soldat intrépide. On sait que Dumouriez avait, en cette occasion, 20 000 hommes en retraite devant une armée de 100 000 Prussiens ou Autrichiens; Frégeville qui formait l'arrière-garde, chargea plusieurs fois la cavalerie ennemie et la tint en échec. Peu de jours après, il se couvrit de gloire à Valmy, de même qu'à Jemmapes, à Hal, à Bruxelles, à Tirlemont et devint l'exemple de l'armée.

 

Peu de temps avant sa fuite, Dumouriez alla le trouver au camp de Maulde et lui confia ses desseins : son plan consistait à enlever le Dauphin du Temple, à le proclamer roi au milieu de son armée et à confier la régence au duc de Chartres (général Égalité), futur Louis-Philippe Ier. Le colonel Frégeville consentit à se prêter à ses vues. Sous prétexte de refaire son régiment, de prendre des hommes du dépôt, ou d'empêcher la désertion, il fut convenu que le colonel se rendrait à Cambrai, puis à Pont-Sainte-Maxence : à peine était-il en marche qu'il reçut un second ordre de Dumouriez pour l'arrestation de Bouchotte, alors officier supérieur des hussards et depuis peu commandant de la place de Cambrai, où il présidait le club populaire.

 

Frégeville s'apprêtait à s'acquitter de cette commission lorsqu'un courrier extraordinaire instruisit les autorités que Dumouriez avait émigré, qu'il était déclaré traître à la patrie, mis hors la loi, et que tout officier qui exécuterait des ordres de lui serait condamné à mort. Frégeville se contenta de déchirer le mandat d'arrestation qu'il avait reçu ; mais un colonel, qui avait connu cet ordre, fit part à Bouchotte des dangers qu'il avait courus. Ce commandant de place se borna à écrire au général Dampierre, successeur de Dumouriez, de délivrer Cambrai d'un régiment qu'il considérait comme très-suspect. Dampierre qui comptait sur le patriotisme du 2e hussards, confia à Frégeville le commandement de toutes les troupes qui couvraient Valenciennes; ce colonel s'y conduisit de la manière la plus distinguée; mais bientôt rappelé au quartier général, Dampierre lui communiqua un ordre qui lui prescrivait de l'envoyer à Paris pour rendre compte de sa conduite. On sait ce qu'étaient alors ces sortes d'appel à Paris : c'était l'échafaud en perspective, et cependant il partit. Heureusement le Comité de Salut public avait été prévenu avantageusement par les représentants du peuple, il renvoya Frégeville à son régiment.

 

Le 15 mai 1793, il fut nommé général de brigade à l'avant-garde de l'Armée des Pyrénées orientales. Cette avant-garde était de 3 000 hommes et l'armée de 11 000 à peine. Avec des forces si inférieures, le général Frégeville fit souvent tête à l'ennemi et remporta divers avantages comme à la Bataille de Peyrestortes; mais un jour, n'ayant avec lui que 400 hommes, il fut enveloppé par environ 3 000 hommes et fait prisonnier avec ses aides-de-camp. Après deux ans d'une dure captivité, il fut rendu et alla résider à Montpellier en attendant un ordre de service. À peine arrivé dans cette ville, une insurrection y éclata, le général parvint à l'apaiser à force de sagesse, cherchant les voies de conciliation. La ville reconnaissante le nomma député de l'Hérault auconseil des Cinq-Cents.

 

Au 18 brumaire et dans les journées qui suivirent, le général Frégeville joua un rôle très-actif. Le 19 brumaire, on le vit, aidé de deux de ses collègues, enlever le président Lucien Bonaparte de son fauteuil et le porter dans la cour pour le soustraire aux vengeances de la faction anarchiste; Le même jour, ce fut lui qui décida Napoléon Bonaparte à paraître devant environ cent cinquante membres du conseil des Cinq-Cents réunis dans une salle pour prendre une décision quelconque sur l'événement de la veille. C'est dans cette réunion que l'on décida qu'un décret nommant trois Consuls - parmi lesquels le général Bonaparte - serait soumis à l'approbation du conseil des Anciens. Séance tenante on nomma une commission de vingt-cinq membres pris dans chaque conseil, chargée de rédiger une constitution et on lui accorda trois mois pour la formuler. Frégeville fut du nombre de ceux que choisit le conseil des Anciens. La constitution acceptée, le général passa au Corps législatif.

 

Nommé général de division le 28 mars 1800, il reçut la mission d'organiser vingt-cinq régiments dans un rayon de trente-huit lieues de Paris. Toutes ces forces promptement réunies furent dirigées vers l'Italie. Cependant Frégeville préférant le service actif à la législature, alla prendre le commandement des troupes légères du général Brune, et se distingua par des charges brillantes au passage du Mincio et du Tagliamento. On le vit ensuite gouverneur de la 9e division militaire, commandant une division sous Masséna, et quand le roi Joseph Bonaparte réunit sous ses ordres les armées de Masséna et de Gouvion-Saint-Cyr, ce fut Frégeville qui commanda en chef toute la cavalerie composée de quatre divisions. Pendant que Gouvion-Saint-Cyr faisait le siège de Gaète, il réussit à s'emparer de Civitella del Tronto, située dans une position inexpugnable.

 

Ainsi, en un seul jour et avec neuf cents combattants et quelques pièces de quatre, il enleva une place que le duc de Guise  avait en vain assiégée à la tête de 6 000 hommes et d'une artillerie formidable. La prise de Civitella del Tronto et celle de Gaète entraînèrent la soumission du royaume. Le général Frégeville fut nommé gouverneur de tout le pays comprenant l'Adriatique, depuis les États Romains jusqu'aux côtes de la Calabre, et le roi Joseph demanda pour lui le cordon de grand officier. Après la paix de Tilsitt (1807), Frégeville tomba dans la disgrâce de l'Empereur et resta sans emploi jusqu'en 1814.

 

Louis XVIII le nomma le 8 juillet chevalier de Saint-Louis, et, le 27 décembre grand officier de la Légion d'honneur dont il était commandeur depuis 1804. Il dut sa faveur aux Tuileries à sa conduite en 1793; conduite qu'il avait eu soin de faire constater par le duc d'Orléans et par Dumouriez alors à Londres. On laissa seulement ignorer à Louis XVIII la question de régence.

Pendant les Cent-Jours, Napoléon Ier lui confia la cavalerie du 2e corps d'observation des Pyrénées-Orientales.

 

A la seconde Restauration, ce commandement lui fut ôté par le duc d'Angoulême irrité de ce qu'il refusait de procéder au licenciement du corps de cavalerie. Le ministre de la guerre, maréchalGouvion-Saint-Cyr à qui il se plaignit, lui donna l'inspection générale de vingt-cinq régiments de l'armée de la Loire. Le général Frégeville eut à combattre les ordres occultes du duc d'Angoulême et de son chef d'état-major, le duc de Damas. Le projet du prince était de désorganiser l'armée; il réussit, et le général Frégeville fut mis à la retraite.

On prétendait que le duc d'Angoulême avait l'intention de former un royaume indépendant, sous le nom d'Occitanie. Il aurait cherché dans ce but à se faire des partisans parmi les militaires de l'armée de la Loire.

 

Le général Frégeville fut remis en disponibilité; en 1833, il reçut définitivement sa retraite. Il était à Paris en 1835, et se trouva à la revue du 28 juillet, à cinq pas du roi et derrière le généralLachasse-Vérigny. Le 28 juillet 1835, lors de l'attentat boulevard du Temple, il fut blessé par l'explosion de la machine de Giuseppe Fieschi et eut son cheval tué sous lui.

La baronne Barbara Juliane von Krüdener, fameuse piétiste en partie à l'origine de l'idée de la Sainte-Alliance, inspira en 1790 au marquis de Frégeville une très vive passion. Ses biographes racontent qu'il conserva longtemps avec elle une relation épistolaire après le modus-vivendi arrangé par l'époux lors de leur voyage dans les pays nordiques en 1791. Après un premier mariage avec mademoiselle Rodier de Manilargues, il épousa le 31 octobre 1798 à Béziers Claire Sicard, née le 10 août 1781 dont il eut plusieurs enfants dont :

 

Caroline-Henriette-Suzanne, née à Paris le 17 janvier 1800 qui épousa le 16 août 1821, à Montpellier, Ambroise-Jacques Bricogne né le 14 avril 1784;Louis-Hortensius-Henry, né à Montpellier le 17 mai 1803 qui épousa le 6 février 1828, à Pont-à-Mousson, Ernestine-Adélaïde-Joséphine Bourcier née le 11 octobre 1805. Henriette, mariée au baron de Roll d'Emmenholz.

 

Le général de Frégeville est mort à Paris en avril 1841. Son nom est inscrit sur l'arc de triomphe de l'Etoile, côté Ouest, dans la 34e colonne. Il était propriétaire du château de Grandval et duchâteau de Gramont dans l'Hérault, acheté en mai 1796, dans lequel il s'installa et organisa avec faste des réceptions mémorables. Le château de Grandval n'est plus qu'une ruine romantique près d'un lac EDF à la suite de son incendie par les Allemands en représailles d'avoir servi de refuge à des résistants locaux ; le château de Gramont est aujourd'hui la propriété de la mairie deMontpellier.

 

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1 novembre 2012 4 01 /11 /novembre /2012 00:00

Barthélemy Darmagnac

Jean Barthélemy Darmagnac, né à Toulouse, le 1er novembre 1766, mort à Bordeaux le 13 décembre 1855, est un militaire français qui commença sa longue carrière durant la Révolution et la poursuivit sous tous les régimes successifs pour la terminer le 28 août 1830, quelques semaines après les débuts de la monarchie de juillet.

 

Il entra au service dans le 1er bataillon de la Haute-Garonne le 13 septembre 1791. Capitaine dès le 8 décembre suivant, il passa à l'armée d'Italie.

 

Chargé de défendre un poste dans le comté de Nice avec cent hommes, et attaqué par 3.000, il fit plus de prisonniers qu'il n'avait de soldats. Cette action lui valut le grade de chef de bataillon de la 21e demi-brigade, le 25 janvier 1794.

 

Partout intrépide et audacieux, il fit un trait à peu près semblable à Carpenello, près de Bassano, où tombant à l'improviste avec une poignée d'hommes au milieu de 600 Autrichiens, il ne leur laissa pas le temps de se reconnaître, et appuyant la pointe de son sabre sur la poitrine de leur commandant, il exigea que ce corps se rendit aussitôt ; les Autrichiens déconcertés par cette assurance mirent bas les armes. À cette époque, la 21e demi-brigade devint le 32e Régiment de Ligne.

 

Nommé colonel de la 32e Demi-brigade, après la bataille des Pyramides, où il s'était battu comme un lion, il entra le soir au Caire avec 300 hommes, se plaça au centre de cette ville et s'y maintint jusqu'à l'arrivée de l'armée qui ne parut que le lendemain.

 

À Saint-Jean-d'Acre, il emporta d'assaut la Tour carrée et fut blessé dangereusement. À Lisbeth, près de Damiette, 4 000 Osmanlisoccupent une redoute qu'on ne peut attaquer sans passer sous le canon de leur escadre ; le 2 novembre 1799, le colonel Darmagnac entreprend ce coup de main avec 600 hommes. Il place en réserve une partie de sa faible troupe et avec le reste court à la redoute.

 

Un boulet renverse dix grenadiers ; leurs camarades hésitent, « En-avant », s'écrie Darmagnac, « nous nous passerons des grenadiers ! » Mais ses hommes se raniment et tout le détachement se précipite dans la redoute que pourtant il faut quitter après un terrible combat ; en repoussant les Français, les Osmanlis tombent dans l'embuscade.

 

La réserve tire à bout portant ; Darmagnac fond de nouveau sur ce gros d'ennemis, le taille en pièces ou le prend à la vue de l'escadre ottomane qui n'ose pas tirer. Kléber envoya un sabre d'honneur à l'intrépide Darmagnac.

 

Après d'autres faits d'armes glorieux, il fut nommé général de brigade, le 27 avril 1801. De retour de France, il reçut un second sabre d'honneur avec le commandement d'un département.

 

Il se distingua de nouveau à Austerlitz, fut nommé gouverneur de la Carinthie, commanda la garde de Paris en 1806 et 1807, débuta à l'armée d'Espagne par la prise de Pampelune (17 février1808), fut grièvement blessé au combat de Médina de Rio-Seco, en emportant un plateau fortement occupé et n'en resta pas moins à cheval pendant l'action.

 

Le 19 juillet 1808, il était nommégénéral de division. Gouverneur de la Galice l'année suivante, puis de la Vieille-Castille, il se montra aussi bon administrateur qu'intrépide guerrier.

 

Il rendit encore de grands services aux batailles de Vitoria, Orthez et surtout Toulouse.

 

En 1814, le général Darmagnac, commandeur de la Légion d'honneur et chevalier de la Couronne de fer, fut créé chevalier de Saint-Louis par les Bourbons, et grand officier de la Légion d'honneur.

 

Il commanda la 11e, puis la 20e division militaire. Il passa à la 9e le 23 janvier 1821. Le 1er mai de cette année, le roi le créa commandeur de Saint-Louis et lui conféra quelque temps après le titre de vicomte en échange de celui de baron que lui avait accordé l'Empereur.

 

Mis en disponibilité le 28 août 1830, il fut admis au traitement de réforme en juillet 1831. Il mourut à Bordeaux près d'un quart de siècle plus tard et fut enterré au cimetière de Daignac (Gironde).

 

Charles Mullié, Biographie des célébrités militaires des armées de terre et de mer de 1789 à 1850, 1852 

 

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1 novembre 2012 4 01 /11 /novembre /2012 00:00

1er Novembre 1800: publication du "Parallèle entre César, Cromwell, Monck et Bonaparte" de Lucien Bonaparte

Vers le pouvoir héréditaire : le "Parallèle entre César, Cromwell, Monck et Bonaparte" de Lucien Bonaparte (Article de LENTZ Thierry )

 

Le problème de la succession de Bonaparte

L'offensive de Lucien Bonaparte

Le scandale et la défaite de Lucien

 

 

La crise de Marengo avait montré que les ennemis intérieurs du régime ne désarmaient pas. À gauche, les révolutionnaires et les "brumairiens mécontents" s'inquiétaient du renforcement du pouvoir de Bonaparte et complotaient dans les restaurants de Clichy. À droite, la famille royaliste choisissait son prétendant. Autour du Premier consul germait la solution d'une troisième voie. Pourquoi aller chercher dans les rangs de l'émigration ou sur les rivages nébuleux de l'orléanisme ce qu'on avait sous la main à Paris ? Ainsi peut-on résumer l'opinion de ceux qui voyaient en Bonaparte "un nouveau César". C'est Lucien Bonaparte qui lança l'offensive.Pendant la crise de Marengo, la famille Bonaparte n'était pas restée inerte, tandis que les salons préparaient la succession de Napoléon. Lucien notamment se considérait comme le "gardien" du pouvoir et envisageait de "jouer au régent" pendant l'absence de son frère (1). N'était-il pas ministre de l'Intérieur ? Refusant de travailler avec Cambacérès, il prétendait n'avoir d'ordre à recevoir que du Premier consul en personne. Le 14 mai 1800, pourtant, le décès de son épouse l'avait écarté de la scène : il avait mis un mois à se relever de son "profond désespoir" et oublié pour un temps ses appétits politiques.

 

 

Le problème de la succession de Bonaparte

 

 

Lorsqu'à son retour de la campagne d'Italie Bonaparte demanda à Cambacérès ce qu'il aurait fait s'il avait été tué, le second consul lui répondit : "J'eusse fait proclamer Joseph". Même si cette déclaration fut faite après-coup, l'hypothèse avait été caressée pendant la crise et l'intéressé, d'habitude prudent, ne s'était pas dérobé. Avant le départ de Napoléon pour l'Italie, il l'avait entretenu de l'hérédité. Il lui avait même demandé une lettre le désignant comme son successeur. Sans réponse du Premier consul, il n'avait pas renoncé à devenir le "dauphin". On l'avait vu chez Benjamin Constant, chez madame de Staël. Il avait rencontré Bernadotte, Talleyrand, Roederer, Fontanes. On avait cité son nom dans les restaurants d'Auteuil où, pourtant, les "brumairiens mécontents" menaient leur complot du verbe. En juin 1800, pourtant, Joseph avait quitté Paris et rejoint son frère en Italie, arrivant auprès de lui au lendemain de Marengo (2). Ainsi s'était achevé le projet de le placer à la tête de l'État en cas de disparition de son cadet. Mais l'hérédité du pouvoir de Bonaparte avait été évoquée. Elle anima désormais les conversations sur l'avenir. À plusieurs reprises, Roederer aborda la question avec le Premier consul qui ne répondit jamais directement, même si on ne peut penser qu'il négligeait la question. Ainsi, lorsque le président de la section de l'Intérieur revint pour la énième fois à la charge, parlant d'hérédité "naturelle", il s'attira une fameuse réplique : "Mon héritier naturel, c'est le peuple français. C'est là mon enfant" (3). En coulisse, de telles hésitations ravissaient Joséphine : elle n'avait pu donner d'enfant à son mari et craignait que l'hérédité entraîne sa répudiation. Elle militait néanmoins pour la solution "Bonaparte", mais avec sa propre idée : "Joseph est un excellent homme, mais trop indifférent aux affaires. Lucien est plein d'esprit ; mais c'est une mauvaise tête dont on ne peut rien faire. Cependant, quand Bonaparte n'aurait pas d'enfant, ni de successeur désigné, il ne faudrait pas être en peine ; Louis ferait un excellent sujet" (4). Cependant, même s'il rejetait officiellement l'hérédité, Napoléon ne voyait pas qui pourrait le remplacer: "Les Français, confiait-il sans fausse modestie à Roederer, ne peuvent être gouvernés que par moi. Je suis dans la persuasion que personne d'autre que moi, fût-ce Louis XVIII, fût-ce Louis XIV, ne pourrait gouverner la France en ce moment. Si je péris, c'est un malheur" (5). Pour conjurer ce malheur, on lui proposait pêle-mêle de désigner son successeur ou de le faire nommer secrètement par le Sénat. Lui, bien sûr, répondait qu'il était jeune et en bonne santé, qu'il échappait aux attentats grâce à la police et à sa chance, qu'il n'envisageait pas de repartir à la guerre. En un mot, la question de sa succession pouvait attendre.

 

 

L'offensive de Lucien Bonaparte

 

 

À l'automne 1800, c'est l'intrépide Lucien qui passa à l'offensive. Se considérant comme le "sauveur" de son frère en Brumaire (ce qui est partiellement exact), le ministre de l'Intérieur en déduisait qu'il avait un rôle de premier plan à jouer sur les sujets fondamentaux. Puisque Napoléon n'était pas le général Monck, puisqu'il n'avait aucune intention de rétablir la monarchie, il fallait le répéter haut et fort. Puisqu'on était prêt à admettre que le pouvoir pourrait se perpétuer dans la famille Bonaparte, il fallait que cela devienne une doctrine officielle. Il demanda donc à un groupe d'amis, dont Fontanes, de mettre en forme ces idées et de rédiger une petite brochure anonyme qui, largement diffusée, fixerait les termes du débat. C'est ainsi que fut publié, le 1er novembre 1800, le Parallèle entre César, Cromwell, Monck et Bonaparte. Prétendument "traduit de l'anglais", ce petit texte fort bien écrit, jouant à la fois sur la mode antique qui faisait fureur et sur la haine de l'Angleterre, connut quatre éditions en quelques jours. Surtout, il parvint, sous enveloppe, à tous les fonctionnaires publics de Paris et des départements. Le ministre de l'Intérieur était passé par là et il fut immédiatement identifié comme le responsable de l'opération : la brochure avait été imprimée au ministère par des ouvriers secrètement consignés.

Le Parallèle louait d'abord Bonaparte, homme providentiel, un des plus grands de l'Histoire : "Il est des hommes qui paraissent à certaines époques pour fonder, détruire ou réparer des empires. Leur fortune a quelque chose de si extraordinaire qu'elle entraîne à sa suite tous ceux qui d'abord s'étaient crus dignes d'être leurs rivaux. Notre révolution avait enfanté jusqu'ici des événements plus grands que les hommes (…). On cherchait depuis dix ans une main ferme et habile qui pût tout arrêter et tout soutenir (…). Ce personnage a paru. Qui ne doit reconnaître Bonaparte ? Son étonnante destinée l'a fait plus d'une fois comparer à tous les hommes extraordinaires qui ont paru sur la scène du monde. Je n'en vois aucun dans ces derniers siècles qui aient de la ressemblance avec lui".

Après cette entrée en matière qui annonçait déjà la conclusion, l'auteur se lançait dans l'exposé des mérites respectifs de Cromwell, Monck et César. Les deux Anglais étaient les plus maltraités. Le premier avait pourtant connu un destin comparable à celui que ses partisans souhaitaient à Bonaparte (coup d'État militaire, pacification et, plus tard, droit de nommer son successeur octroyé par le parlement). Mais pour Lucien, Cromwell n'avait fait qu'attiser la guerre civile dans son pays et ne méritait pour cela aucune administration. Quant à Monck, qui avait favorisé la restauration de la monarchie et monnayé son concours contre un titre comtal, il n'avait aucun point commun avec le Premier consul qui avait rejeté les offres du comte de Lille et se moquait bien de son confort personnel. Arrivait enfin un portrait de César qui permettait sans le dire d'affiner la place que méritait Bonaparte dans l'histoire de France et de définir par analogie son destin futur : "Quelques observateurs superficiels ou malveillants ont, dit-on, rapproché (Bonaparte) de Cromwell ; quelques insensés espèrent en lui un nouveau Monck. La France et l'Europe trouvent une conformité plus frappante avec César (…). Oser comparer Cromwell à Bonaparte ! On s'étonne et on frémit en lisant l'histoire du premier ; on admire et on espère en lisant celle du second. L'un a détruit. L'autre répare : l'un excite les guerre civiles (…) ; l'autre parvient en triomphant des ennemis étrangers, et en calmant les guerres civiles (…). Le général Monck, comparé à Bonaparte ! (…) le titre de duc d'Albermarle put contenter, sans doute, l'orgueil de Monck et plaire à sa vieillesse oisive ; mais croit-on que le bâton de maréchal, ou que l'épée de connétable, suffit à un homme devant qui l'univers s'est tu ? (…) On a vu des rois détrônés se rétablir quand ils avaient du courage et le coeur des peuples ; mais les rois avilis sont sans ressources (…). Bonaparte est, comme César, un de ces caractères prédominants sous qui s'abaissent tous les obstacles et toutes les volontés : ses inspirations apparaissent tellement surnaturelles, qu'on n'eût pas manqué de le croire sous la garde d'un génie, d'un Dieu particulier, dans les siècles antiques où l'amour du merveilleux remplissait tous les esprits".

 

En conclusion, le Parallèle alertait l'opinion sur les dangers courus par la France si Bonaparte venait à disparaître (on était en plein dénouement de la conspiration "des poignards"). Il ne disait pas qu'il fallait créer l'hérédité au profit de sa famille, mais la référence à César était explicite. D'abord consul, ce dernier avait neutralisé son collègue Bidulus, il avait ensuite conquis un pouvoir absolu (en devenant notamment "dictateur à vie") et, pour finir, en récompense de sa réussite intérieure et extérieure, s'était vu conférer le titre de roi. Il ne l'avait jamais porté car le jour de son intronisation (15 mars 44 av. J.-C.), Brutus et quelques autres l'avaient poignardé. Dix ans de guerres civiles s'en étaient suivies, avant qu'Auguste ne crée l'Empire romain. Sans s'engager formellement, le Parallèle montrait sa préférence (Brutus en moins, évidemment) et, entre les lignes, proposait qu'on évite une guerre civile semblable à celle qui avait suivi la mort de César en confiant au Premier consul une dignité héréditaire ou, pour le moins, le droit de désigner son successeur : "(Bonaparte) promet sans doute à la France un nouveau siècle de grandeur ; toutes les espérances s'attachent à sa gloire et à sa vie. Heureuse république s'il est immortel. Mais le sort d'un grand homme est sujet à plus de hasards que celui des hommes vulgaires. Ô nouvelles discordes ! ô calamités renaissantes ! Si tout à coup Bonaparte manquait à sa patrie, où sont ses héritiers ? où sont les institutions qui peuvent maintenir ses exemples et perpétuer son génie ? (…) Vous pouvez donc vous trouver encore au milieu des délateurs, des prisons et des échafauds ; vous pouvez demain, à votre réveil, être jetés dans les routes sanglantes des révolutions (…). Si la tyrannie des assemblées vous épouvante, quel sera votre refuge, si ce n'est la puissance militaire ? (…) Vous serez bientôt sous le règne de quelques chefs militaires qui se détrôneraient sans cesse, et que leurs faiblesses rendraient cruels. Les Néron, les Caligula, les Claude remplacèrent à Rome le plus grand des mortels, lâchement assassiné… Malheureuse France ! dois-tu devenir aussi la proie des Claude, des Caligula et des Néron ? Les malheurs des républiques anciennes, et les tiens, seront-ils infructueux ? Les partisans d'une race dégénérée s'élèveront contre ma voix : ils s'écrieront sans doute qu'ils ne veulent ni des assemblées ni des empereurs, mais que le roi légitime est là sur nos frontières. Le roi légitime ! Malheureux ! à peine échappés à une révolution, vous invoquez une révolution nouvelle ? (…) Vous auriez encore une révolution de dix ans, de vingt ans peut-être, et vos enfants recevraient la guerre civile en héritage. Français, tels sont les périls de la patrie : chaque jour, vous pouvez retomber sous la domination des assemblées, sous le joug des S…, ou sous celui des Bourbons… À chaque instant votre tranquillité peut disparaître… Vous dormez sur un abîme ! et votre sommeil est tranquille !… Insensés !".

 

Le Parallèle était habile, ne proposait rien et suggérait tout. Lucien Bonaparte y voyait peut-être une nouvelle étape de son (impatiente) ascension. Il provoqua, au contraire, sa chute.

 

 

Le scandale et la défaite de Lucien

 

Le mystérieux S… mis en cause dans le dernier paragraphe (rédigé de la main même de Lucien) n'était autre que Sieyès, on l'aura deviné. Les amis de l'ex-abbé en conçurent une vive amertume. Le ministre de l'Intérieur comprit d'ailleurs qu'il ne fallait pas aller jusqu'à un déclenchement des hostilités avec cette aile des brumairiens : à partir de la troisième édition, le S… fut remplacé par " les militaires" et Bonaparte envoya Talleyrand présenter ses excuses à Sieyès. Mais le mal était fait et, avec ou sans S…, le Parallèle était un pavé dans la mare. Pour le clan Bonaparte, la brochure de Fontanes venait trop tôt, à un moment où la situation politique n'était pas encore stabilisée. Les plaintes des préfets qui arrivèrent à Paris attestent que la nouvelle administration n'était pas prête à travailler l'opinion sur ce thème. Quant à l'armée, Moreau lui-même fit savoir à Bonaparte que le pamphlet y avait produit un effet déplorable (6). On ne peut cependant exclure que Napoléon ait été informé de tout, ait mis la main (7) et vu d'un bon oeil ce "ballon d'essai" pour rendre public le débat sur la nature de son pouvoir. D'ailleurs, le Journal des défenseurs de la Patrie, dont les propriétaires étaient Bourrienne et Lagarde, rendit compte du Parallèle au lendemain de sa parution, le commenta sans critique, jugeant seul le dernier paragraphe "malveillant". Plus tard, le 1er décembre, le Premier consul devait avouer à Roederer, parlant de l'oeuvre de Fontanes : "J'en avais moi-même donné l'idée, pour répondre aux calomnies anglaises. Mais les deux dernières pages sont de la folie ; jamais l'hérédité n'a été instituée ; elle s'est établie d'elle-même. Elle est trop absurde pour être reçue comme une loi" (8). Si la brochure était un test, la réponse de la classe dirigeante, brumairiens, révolutionnaires et royalistes confondus, fut immédiate : on ne passe pas.

 

Après avoir tenté sans succès d'empêcher que la brochure parvienne aux préfets, Fouché mena la contre-offensive. Il établit facilement que l'opération avait été menée par le ministre de l'Intérieur, son ennemi personnel. L'occasion était inespérée de provoquer sa chute. Dans le Tableau de la situation de Paris du 14 brumaire an IX (4 novembre 1800), il lança un premier avertissement pour montrer que l'opération gâtait l'opinion publique : "On fait circuler de toutes parts le bruit d'un changement dans la forme du gouvernement pour le rendre héréditaire. La source n'en est point connue : le but est d'élever des doutes sur la solidité de la constitution actuelle (…). Ce changement, sur la forme duquel on ne s'accorde pas, est le sujet de toutes les conversations dans les lieux publics comme dans les sociétés particulières. Les feuilles se répandent gratis pour propager ce bruit dans les départements comme dans la capitale. Tel a été le but de la distribution si multipliée du Parallèle"  

(9).

Talleyrand, Lebrun et Joséphine soutinrent l'action du ministre de la Police. Les amis de Sieyès firent connaître leur réprobation. Fouché demanda audience à Bonaparte et, calmement, lui montra qu'en pleine campagne d'attentats contre sa personne, parler de sa disparition était pour le moins maladroit, que de nombreux préfets lui avaient fait savoir que le Parallèle les mettait mal à l'aise et était "contraire à l'ordre public", que les militaires y étaient injustement insultés. En un mot, il accula le Premier consul à la seule décision qui s'imposait pour ne pas être lui-même éclaboussé : désavouer le Parallèle et se séparer de Lucien. Quelques jours plus tard, Lucien et Fouché se retrouvèrent dans le cabinet de Bonaparte. Celui-ci assista à une scène étonnante : les deux ministres s'insultèrent copieusement, Fouché donnant la liste des maîtresses de Lucien, Lucien accusant son collègue de détourner une partie de la recette des jeux (ce qui était exact). Finalement, le Premier consul entra dans la dispute en soutenant Fouché. Hors de lui, Lucien jeta son portefeuille sur la table et quitta les Tuileries. Il avait formellement démissionné. Il était en fait révoqué. Fouché reçut l'ordre de saisir le Parallèle (dont mille exemplaires seraient bientôt publiquement brûlés devant les Invalides, pour consoler les militaires). Le ministre de la Police en rajouta, stimulant une campagne de presse contre Lucien et écrivant aux préfets : "Je sais que (l'ouvrage) vous a été envoyé en très grande quantité, et que les auteurs de cette production ont prétendu vous en faire les distributeurs. Jugez-la comme elle mérite de l'être, comme le fruit d'une intrigue" (10). La crise eut des conséquences jusque dans le clan Bonaparte. Madame Mère prit fait et cause pour le plus jeune. Joseph, en tant qu'aîné, tenta une médiation. Élisa pleura beaucoup, tandis que Joséphine exultait (11). C'est Talleyrand qui dénoua le drame politique et familial. Sur sa proposition, le 7 novembre, Lucien fut nommé ambassadeur à Madrid et quitta Paris le lendemain.

Pour le Premier consul, l'affaire du Parallèle n'avait pas si mal tourné. L'opinion était prête à croire que Lucien était un maladroit et que son frère n'y était pour rien. Il en aurait de toute façon fallu bien plus pour entamer sa popularité. Le dénouement était intervenu en quelques jours. La crise avait été courte et serait vite oubliée, pour ne laisser dans les mémoires que le débat sur l'hérédité. Dans les allées du pouvoir, la "lecture" de cette folle semaine pouvait être différente, sans être défavorable à Bonaparte. Lucien éliminé, Carnot démissionnaire, Fouché prenait du poids dans le gouvernement, ce qui inquiétait désormais Talleyrand, Lebrun, Cambacérès, Roederer (qui désirait entrer au ministère), Chaptal (nouveau ministre de l'Intérieur) et les autres modérés. Pour eux, le ministre de la Police devait redevenir le "complice des jacobins", ce qui permettrait, le moment venu, de s'en débarrasser. Pour faire pièce à la puissance de Fouché (et le symbole qu'elle représentait), le Premier consul avait reconstitué, grâce au sacrifice de son frère, une cohésion dans son gouvernement. 

 

Thierry LENTZ, Revue du Souvenir Napoléonien, N° 431

 

Notes

 

 (1) G. Martineau, Lucien Bonaparte, Prince de Canino, p. 94.

(2) B. Narbonne, Joseph Bonaparte, Le roi philosophe, pp. 77-83.

(3) Roederer, Œuvres, t. III, p. 333.

(4) Roederer, Œuvres, t. III, p. 347. À cette époque, Louis était âgé de 22 ans. Il s'occupait peu de politique mais fréquentait beaucoup sa belle-soeur. En 1802, il fallait épouser Hortense de Beauharnais.

(5) Roederer, Œuvres, t. III, p. 332.

(6) Thibaudeau, Mémoires, t. I, p. 50.

(7) Bourrienne prétend avoir vu chez Lucien Bonaparte le texte du Parallèle annoté de la main même du Premier consul (Mémoires, t. II, p. 374).

(8) Roederer, Œuvres, t. III, p. 350.

(9) A. Aulard, Paris sous le Consulat, t. I, p. 778.

(10) Cité par L.Madelin, Fouché, t. I, p. 333.

(11) Voir F. Masson, Napoléon et sa famille, t. I, pp. 350 et suivantes.

 

 

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1 novembre 2012 4 01 /11 /novembre /2012 00:00

Début du congrès de Vienne

Après leur victoire sur Napoléon, La France, l'Autriche, la Prusse et l'Angleterre se réunissent à Vienne afin de statuer sur le nouvel équilibre européen. Un nouvel ordre européen doit être établi pour perpétuer la paix retrouvée, tout en tenant compte des bouleversements territoriaux liés à la révolution française. A Vienne, se trouvent donc réunis, dans les derniers mois de 1814, le gotha des alliés: souverains, princes, hommes d'État, diplomates, courtisans, de toute sorte. Metternich, le grand maître des cérémonies, occupe toute cette foule par une série de fêtes (concerts, bals, réceptions, opéras, revues militaires), d'où le mot fameux du prince de Ligne : « Le congrès ne marche pas, il danse. » Les quatre grandes puissances victorieuses (Autriche, Grande-Bretagne, Prusse, Russie) entendent bien régler, entre elles, les principales questions. Dans ce but, leurs ministres tiennent des réunions préliminaires à la fin de septembre, bien avant l'ouverture officielle du Congrès le 1er novembre 1814. Mais lorsque le diable boiteux Talleyrand, représentant de Louis XVIII, arrive à Vienne le 24 septembre, et entre en scène, les rivalités entre vainqueurs voient le jour. L'habile Talleyrand, il faut bien le reconnaître, exploite habilement ses dissensions au sujet des attributions territoriales et des zones d'influence ; S'élevant contre la « dictature » des quatre alliés, il se fait soutenir par l'Espagne et les autres puissances restées à l'écart. La direction du Congrès est finalement assumée par un comité des huit signataires du traité de Paris du 30 mai 1814, comprenant, en plus des quatre grands, la France, l'Espagne, le Portugal et la Suède. Toutefois, les décisions principales continuent à être prises au cours de conférences privées des représentants des Quatre, auxquelles Talleyrand est finalement admis. Les accords, à mesure qu'ils sont obtenus, sont insérés dans des traités signés par les seules parties concernées. Tous ces règlements sont résumés dans un Acte final signé le 9 juin 1815 par les Huit. Le principal conflit porta sur la Pologne, que le tsar souhaitait rétablir sous forme d'un royaume autonome dont il aurait été le souverain, la Prusse recevant, en compensation des territoires polonais rétrocédés par elle à la Russie, la Saxe, dont le roi deviendrait souverain en Rhénanie. Mais ce projet fut fortement combattu par l'Autriche et la Grande-Bretagne. La controverse devint si forte que la Prusse, soutenue par la Russie, menaça de recourir aux armes. Ce à quoi Castlereagh, le plénipotentiaire anglais, opposa un traité secret d'alliance Grande-Bretagne - Autriche - France signé le 3 janvier 1815. Talleyrand pouvait se vanter d'avoir semé la zizanie sur le front des Alliés. Un compromis fut enfin trouvé : la Prusse conservait une partie de ses anciens territoires polonais (Posnanie), prenait seulement une partie de la Saxe et recevait les territoires rhénans, destinés à l'indemnisation du souverain de Saxe. Ainsi, la Prusse devenait-elle la gardienne sur le Rhin contre toute tentative de la France de reprendre ces provinces qu'elle avait occupées depuis vingt ans: seul résultat tangible et durable des habiles manœuvres de Talleyrand...

 

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1 novembre 2012 4 01 /11 /novembre /2012 00:00

Créée par arrêté du Conseil exécutif du 1er novembre 1792 à partir de l'aile droite de l’armée des Alpes, appelée indûment armée du Var depuis un mois par le général d'Anselme. Cet arrêté, qui rend le général d'Anselme indépendant du général de Montesquiou-Fézensac n'est mis à exécution que le 7 novembre.

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1 novembre 2012 4 01 /11 /novembre /2012 00:00

du 1er novembre 1798 au 31 janvier 1799 

 

 

AduC 210 Joubert (B.C., 1769-1799).jpg

général Joubert, avec le commandement supérieur sur l'armée de Rome


L'armée de Naples est une armée française qui prit ce nom en 1799 à la suite de la prise de Naples

 

Du 11 au 25 décembre, le

Jean-Victor Moreau.jpg général Moreau commande de fait l'armée.

 

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30 octobre 2012 2 30 /10 /octobre /2012 00:00

30 Octobre 1805 (8 brumaire an XIV): bataille de Caldiero

"A 4 heures de l'après-midi, notre armée, étant repoussée sur presque tous les points, le 20ème régiment, faisant partie de la brigade Herbin, division Duhesme, fut lancé dans la seule vue de retarder l'ennemi qui débouchait en force par Caldiero. Les 2ème et 3ème bataillons entraînés par le 102ème régiment furent culbutés presqu'aussitot qu'ils parurent. Le 4ème, que je commandais, et dont le déploiement en masse n'était pas opéré, tint bon contre la colonne victorieuse; et, profitant du désordre dans lequel elle poursuivait les bataillons culbutés, attaqua vivement la tête de cette colonne, la rejeta sur les troupes qui la suivaient, et les chargea jusqu'à l'entrée du village." Ainsi s'exprime le Général Hugo dans ses mémoires, pour résumer un épisode de cette bataille, féroce et indécise, qui eut lieu le 8 brumaire an XIV, à Caldiero (commune de la province de Vérone dans la région Vénétie en Italie). Napoléon, pour compléter les effets de la pénétration de la Grande armée en territoire Allemand, commanda à Massena de chasser de l'Italie du Nord les Autrichiens de l'Archiduc Charles. Face à face, 37.000 Français et 50.000 Autrichiens. L'Archiduc Charles souhaitait se replier sur le Danube, principal théâtre d'opérations de cette campagne. Il lança donc une attaque surprise contre les Français à Caldiero. Ceux-ci résistèrent victorieusement, mais les Autrichiens eurent le temps de se replier vers l'Est. Malgré l’écrasante supériorité numérique de l’ennemi, Masséna poursuivit l'ennemi avec acharnement, ralentissant sa marche et empêchant les Autrichiens de rejoindre à temps la région du Danube pour participer aux opérations de la campagne d'Allemagne. Les Autrichiens furent obligés de battre en retraite à la nuit tombante, laissant derrière eux trois mille morts ou blessés et douze mille prisonniers.

 

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1er Consul

2 août 1802 jusqu'au 18 mai 1804

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Napoléon Ier

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18 mai 1804 au 6 avril 1814 et du 20 mars 1815 au 22 juin 1815

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